Parce que les mots sont des actes à part entière, ils viennent nous rappeler que les conflit se jouent aussi dans les déclarations, les annonces. Le président de la République en a usé cette semaine, n’hésitant pas à déclarer qu’il était envisageable d’envoyer des troupes, françaises voire certainement européennes, sur le sol ukrainien en proie à une guerre qui entre dans troisième année.
Passons le caractère hasardeux de cette sortie puisque ni l’état-major des armées, ni les autres participants européens ne semblaient être au courant qu’Emmanuel Macron ferait une telle annonce.
Par troupes, on peut évidemment entendre des instructeurs militaires, des personnels techniques et d’assistance dans la préparation et l’entretien du matériel militaire ou encore des personnels civils. Mais après des semaines à parler de guerres, de réarmement, comment prendre à la légère ces propos ?
On sait avec certitudes que les tensions et les méfiances réciproques entre les soutiens à l’Ukraine et la Russie n’ont jamais été aussi forts. Les menaces et intimidations se poursuivent. Les plus belliqueux, atlantistes comme soutiens du Kremlin, opinent pour voir dans cette guerre d’Ukraine un conflit de valeurs et de civilisations.
Les familles des morts au front n’en n’ont certainement que faire même si la crainte existentielle de perdre côté ukrainien, non seulement une guerre mais le principe d’une nation libre et souveraine, est réelle. Rappelons ce bilan effroyable : plus de 200 000 morts aux combats sans compter les pertes civiles et les centaines de milliers de blessés.
En réalité, les propos présidentiels visent à acter le principe d’un fonds spécial, discuté depuis la conférence de Munich, destiné à réaliser des commandes massives d’armement. Les forces ukrainiennes se plaignent que seulement un tiers des obus et missiles promis soient arrivés à destination quand la Russie bénéficie d’une supériorité en nombre et en armements.
Ce fonds spécial serait classé hors des règles budgétaires européennes avec un Commissaire européen à la Défense dans l’instance européenne qui sortira des élections de juin.
Pas d’austérité pour la course aux armements à l’inverse des autres secteurs. Cette course aux armements se fait au grand bénéfice du complexe militaro-industriel des Etats-Unis qui a raflé plus de 60% des 100 milliards d’euros consacrés depuis deux ans. Les propos de Donald Trump qui visent à demander un effort supplémentaire aux Européens s’inscrivent dans cette lignée. Il faut payer pour être protégé et élever les dépenses militaires à 2% du PIB, objectif totem de l’OTAN à destination de ses Etats membres.
La Russie n’est pas en reste et non seulement elle écoule ses larges stocks mais se fournit auprès d’alliés comme l’Iran ou la Corée du Nord.
La folie de la course aux armements et la volonté de détruire l’autre sont désormais des réalités lourdes.
Comment parvenir à la paix puisque chacun veut a minima battre l’autre voire l’anéantir ?
La guerre en Ukraine est un des nombreux théâtres de tensions d’un monde de plus en plus instable. Des pays, anciens empires, veulent regagner des positions au nom d’un passé mythifié quand les équilibres économiques, démographiques changent la face du monde.
C’est toujours le contrôle pour les ressources, pour les intérêts de bourgeoisies de plus en plus agressives qui est au cœur des tensions.
La paix doit redevenir un horizon politique. La paix n’est pas simplement l’absence de guerre ou un combat gelé. Il faut résoudre les conflits politiques et créer les conditions d’une sécurité collective. Cela ne peut se faire en envahissant son voisin. Si la guerre actuelle démontre l’échec de la séquence post-soviétique en Europe de l’Est avec des responsabilités occidentales fortes dont les principales puissances ont méprisé de nombreux acteurs étatiques, la culpabilité depuis le 24 février 2022 est entièrement russe.
Il faut sortir du face-à-face mortifère entre Occidentaux et Russes. De nombreux pays qui pèsent dans l’économie mondiale mais qui sont aussi dépendants des produits agricoles de cette région ont proposé des pistes pour une solution politique. Il faut entendre leur message qui traduisent la réalité d’un monde multipolaire.
La paix se construit avec et par les peuples surtout. Les initiatives diplomatiques que pourrait notamment mener la France ne sont rien sans pression populaire. La Paix doit donc être construite par les luttes. Cela signifie la paix en Ukraine qui doit pouvoir disposer de sa liberté, mais aussi au Proche-Orient, ou d’autres théâtres de guerre en Afrique ou en Asie.
Il faut pour cela combattre les nationalismes et autres fondamentalismes qui prospèrent sur les régressions sociales, les reculs démocratique. La première conférence pour la paix doit être celles des organisations populaires pour reconstruire le dialogue entre les peuples.