Russie : la fuite en avant poutinienne

2 Oct 2022

Près de 8 mois après le début de l’invasion russe en Ukraine, les images effroyables des dégâts causés par la guerre restent toujours aussi insoutenables. Le travail admirable mais périlleux de nos confrères et consœurs qui se rendent sur place pour récolter la parole des populations civiles, dévoiler les massacres dont le dernier à Izoum doit être salué.

Nous avons une certitude après cette période de guerre déjà trop longue : la stratégie décidée par l’autocrate du Kremlin est en échec sur plusieurs points. Le gouvernement ukrainien ne sera pas renversé et Moscou ne pourra remporter une guerre totale. Vladimir Poutine ne le sait que trop bien et a décidé de durcir encore le ton. Les coups de menton récents, par la voix de la diplomatie russe à l’Assemblée générale de l’ONU ou encore de la récente allocution de Poutine annonçant la mobilisation partielle, sont en réalité autant de signes de faiblesse.

La stratégie russe se remodèle pour maintenir ses positions et endiguer les pertes potentielles puisque c’est l’Ukraine qui semble à l’offensive. Les « référendums », simulacres de démocratie quand des militaires russes et miliciens tiennent les bureaux de vote, dans les régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia sont une annexion forcée et illégitime, contraires au droit international. Ils visent à repousser les frontières russes et brandir de nouveau la menace nucléaire dont la doctrine précise qu’elle peut être utilisée en cas de menace immédiate.

Encore une fois, nous ne devons pas sous-estimer la menace nucléaire d’autant plus avec un pouvoir acculé et qui veut démontrer sa supériorité militaire. Il faut travailler à la désescalade. Les demandes de cessez-le-feu de pays non alignés sur la position occidentale et pas des moindres comme la Chine, l’Inde ou la Turquie sont un camouflet pour Vladimir Poutine. Il faut saisir ces interpellations pour renforcer l’exigence d’arrêt immédiat des combats. L’exode de milliers de jeunes hommes russes depuis l’annonce de mobilisation partielle change également la donne. La population russe, qui subit déjà les contrecoups des sanctions internationales, va sentir l’effort de guerre plus durement par cet appel à la population civile. C’est à l’aune de tout cela qu’il faut entendre l’appel de Vladimir Poutine à cesser les hostilités et ouvrir les négociations, comme si ce dernier comprenait ses limites et souhaitait se contenter des régions récemment conquises.

Il y a des potentiels pour stopper cette mécanique meurtrière de la guerre. Il faut sortir des logiques de blocs et de renforcement militaire mutuels qui ont provoqué cette catastrophe dont le peuple ukrainien est la première victime. Il faut trouver la meilleure issus possible qui ne peut être qu’un nouveau cadre de sécurité collective en Europe, respectueux des volontés populaires et en priorité ici du peuple ukrainien.

Les pays européens, et en premier lieu la France, ont une responsabilité immense, et doivent jouer ce rôle de médiation pour amener l’ensemble des belligérants à la table des négociations, qui ne peuvent évidemment se faire aux conditions posées par Moscou. Les peuples, par la reconstitution d’un mouvement pacifique massif, doivent être le fer de lance de ce message.

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