Italie : Le péril fasciste doit nous mobiliser

26 Sep 2022

Malgré les qualificatifs tous aussi euphémisants les uns que les autres, c’est bien l’extrême-droite d’héritage fasciste qui est arrivée en tête des élections législatives en Italie hier soir. Fratelli d’Italia, héritier du « Mouvement social italien », est en capacité de diriger un gouvernement de toutes les forces de droite et d’extrême-droite pour la 1ere fois depuis 1945.

Adoubée par le patronat, Giorgia Meloni devrait donc être la prochaine présidente du Conseil italien. La complaisance dont a bénéficié ce courant d’idées ne doit rien au hasard. Depuis les années 1990 et l’explosion du champ politique dans la péninsule, la droite populiste et affairiste de Silvio Berlusconi a fait entrer le loup dans la bergerie dans des majorités, avec même des ministères qui revenaient à des représentants d’extrême-droite. La normalisation de ce courant d’idées y est donc ancienne d’autant que l’héritage de l’horreur fasciste y est non seulement banalisé mais même adouci, comme si tout n’était pas à jeter dans la politique mussolinienne…

Laboratoire d’un populisme et d’une confusion idéologique permanents, l’Italie est aussi un des pays qui a subi parmi les contrecoups les plus durs des instances européennes. Classés parmi les mauvais états de l’Union européenne en 2010 au moment de la crise dite des dettes, nos amis transalpins ont connu de nombreux gouvernements techniques, méprisant les aspirations populaires, dont le dernier dirigé par Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne. A la tête d’une coalition allant du centre-gauche en passant par les populistes du Mouvement 5 étoiles jusqu’à la Ligue de Matteo Salvini, autre formation d’extrême-droite. La seule opposition, perçu comme « alternative » était alors portée par cette extrême-droite de Giorgia Meloni, prétendument vierge de l’exercice du pouvoir, alors que cette dame a été ministre de la Jeunesse en 2008.

L’Italie est donc le symbole d’un basculement : celui d’un Etat industrialisé, membre du G7, fondateur de la construction européenne qui donne les clés de son gouvernement à des héritiers directs du fascisme. Loin d’être en phase avec les attentes populaires, contrairement à ce qu’elle énonce régulièrement, cette coalition qui dirigera le pays avec des ministres « techniques » sera de tous les mauvais coups contre les travailleurs transalpins et les classes populaires qui ne verront pas une once de progrès social. Derrière des mesures de façade pour les salariés, ce seront des mauvais coups contre les organisations populaires, syndicats en premier, les femmes (fidèle à une conception traditionnaliste de la famille et dont le droit à l’avortement sera attaqué) et les migrants dont on peut craindre que leurs vies dans les bateaux de fortune de Méditerranée soient instrumentalisées de manière éhontée.

Ce scénario, vent mauvais qui s’insuffle partout en Europe de la Scandinavie à l’Europe de l’Est, doit nous inquiéter. Déjà, des franges de la droite dite républicaine française sont prêts à franchir le pas de « l’union des droites », perspective portée par Eric Zemmour durant la présidentielle dans l’Hexagone. Partout, ces scénarios se déploient là où les dégâts des politiques antisociales ont détruits les tissus de solidarité et où les forces de progrès n’ont pas tracé les perspectives de rassemblement et de mobilisation victorieuses.

Il est de notre devoir d’apporter notre solidarité à nos amis italiens et de construire les mobilisations communes au plus vite.

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