Personne ne devrait mourir à 20 ans, ni en Iran, ni ailleurs dans le monde. Mahsa Amini, jeune femme iranienne, est décédée des suites de son arrestation par la brigade des mœurs, la sinistre Gasth-e Ershad rattachée aux brigades de la Révolution et au Guide suprême. Son crime : avoir « mal porté » le foulard, tenue obligatoire pour les femmes dans la République islamique.
La violence qui s’est déchainée contre cette personne, par ailleurs membre de la minorité kurde, a déclenché une colère populaire dans tout le pays. Des manifestations spontanées depuis plusieurs jours expriment le rejet d’un corsetage de plus en plus dur pour une jeunesse déjà éprouvée par la crise économique et les restrictions religieuses d’une théocratie toujours plus intrusive dans la vie des gens. Aux cris de « Femmes, vie, liberté », les jeunes se soulèvent désormais depuis près d’une semaine.
Si le Kurdistan iranien est le centre de ces mobilisations, la contestation a essaimé jusqu’à la capitale. Que dit ce mouvement ? Pendant que la classe dirigeante veut renouer avec un passé impérial dans la péninsule arabique, la population subit les effets de la crise économique liée aux sanctions internationales sur le programme nucléaire, les impacts d’une crise sanitaire qui a été meurtrière.
Le pouvoir ultraconservateur, élu en 2021 dans un océan d’abstention, corsète toujours plus la jeunesse et notamment les femmes dans leurs droits élémentaires. Celles-ci sont pourtant majoritaires dans les classes d’âge étudiantes et réclament légitimement plus de libertés pour elles et l’ensemble du pays. Les villes les plus conservatrices sont également touchées par la mobilisation, preuve que le régime est ici contesté jusque dans ses fondements.
Malheureusement, la répression est aussi au rendez-vous : ce sont déjà 35 personnes qui ont été tuées dans les manifestations dont une autre jeune femme de 20 ans Hadis Najafi qui s’était filmée avant de partir rejoindre un des nombreux cortèges de la contestation. Malgré les répressions (celle de 2019 avait déjà fait plus de 1500 morts), les arrestations arbitraires, les jeunes femmes jettent courageusement leur foulard et le brûlent même. Le symbole de la soumission des femmes et du contrôle de leur corps, est détruit. Quel courage !
L’assassinat de Mahsa Amini semble avoir ouvert une contestation qui ne demande qu’à se généraliser. L’exigence de liberté du peuple iranien, et particulièrement de sa jeunesse, a toute notre solidarité. Si le président de la République française M.Macron a évoqué le cas de cette jeune femme auprès de son homologue iranien à l’ONU, c’est du côté des organisations démocratiques que le soutien populaire doit s’exprimer.
Liberté pour les femmes iraniennes ! Liberté pour le peuple iranien !