L’engouement autour des campagnes électorales, présidentielle et législatives, ne doivent pas nous faire oublier le l’atrocité de la guerre en Ukraine. 70 jours que les bombes et les armes s’abattent sur le peuple ukrainien ; 70 jours que la mort, le chaos, la destruction sont le quotidien du peuple ukrainien ; 70 jours que les femmes, hommes et enfants fuient ou se déplacent, en espérant ne pas mourir ou être déchiquetés, blessés, torturés ou violés par les attaques de l’armée russe. 70 jours que Moscou continue sa fuite en avant meurtrière en durcissant le conflit.
Les sanctions régulières contre la Russie, la sortie prévue sous six mois du gaz et l’embargo sur le pétrole russe par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ne font pas céder Poutine. C’est désormais un véritable rapport de forces dans la durée qui s’installe entre une Russie qui veut reconquérir une sphère d’influence dans l’Est de l’Europe et un axe UE-Etats-Unis qui veut sanctionner et isoler le pouvoir russe.
Alors que Moscou a décrété trois jours de cessez-le-feu à partir du site de l’usine métallurgique à Marioupol pour évacuer les derniers civils, l’armée russe continu son offensive dans le Donbass et intensifie ses frappes à l’Ouest.
Le 9 mai prochain sera une date cruciale. Date anniversaire célébrée pour commémorer la fin de la deuxième guerre mondiale et jour de l’Europe célébrant la paix, elle sera utilisée cette année pour affirmer deux positions fortes et potentiellement antagonistes. Le maître de Moscou en fera une tribune pour glorifier « l’opération spéciale » qui pourrait devenir une déclaration officielle de guerre généralisée pour morceler le territoire ukrainien et absorber sa zone orientale jusqu’à la Crimée. Le président Emmanuel Macron, par ailleurs à la tête de la présidence de l’Union européenne, y réaffirmera le même jour devant les parlementaires européens sa volonté de soutenir le gouvernement ukrainien et d’empêcher un dépeçage de ce pays. Une visite du président français récemment réélu en Ukraine ne dans les prochains jours symboliserait cette démarche. Deux voies s’affrontent donc mais il faut que triomphe la diplomatie pour bâtir une paix juste qui rende à l’Ukraine son intégrité territoriale et avance vers une normalisation des relations entre l’Europe et la Russie par un nouvel âge de la sécurité collective. Les armes doivent d’abord et avant tout cesser au plus vite : l’Ukraine ne peut devenir un champ de ruines. Les milliers de victimes et de blessés (sans compter les traumatisés), les millions de déplacés ne doivent pas être oubliés.
Nous devons continuer à faire la solidarité concrète car la faim est une réalité terrible pour des millions d’Ukrainiens alors que l’économie s’est effondrée. Les plus de 5 millions de réfugiés qui sont hébergés dans les pays voisins doivent être aidés et accueillis dignement dans la durée. Les blessés de guerre et mutilés doivent être aussi accueillis car ils méritent soins et empathie.
Nous ne devons pas oublier qu’avec l’Ukraine, ce sont plus de 35 conflits armés qui se déroulent partout sur la planète, que la militarisation des relations internationales se poursuit. A ce titre, l’essentiel de l’aide américaine pour Kiev de 33 milliards est constituée de fournitures d’armes. 2021 a constitué l’année record pour les dépenses militaires avec 2 113 milliards dépensés, soit 2,2% du PIB mondial…Des sommes avant tout dopées par les grandes puissances mondiales disposant du droit de véto au Conseil de sécurité, bien supérieures aux investissements nécessaires et vitaux pour la transition écologique, l’éradication de la faim ou la santé.
La paix doit donc absolument redevenir un horizon réaliste et la diplomatie la voie de sa construction. La clé de ce nécessaire basculement réside incontestablement dans la reconstruction d’un mouvement populaire pacifique, internationaliste et porteur de coopérations.