Ce lundi 15 juillet est un jour historique. L’opérateur OHM Energie a été condamné à verser 6 millions d’euros par le Comité de Règlement des Différends et des Sanctions (CoRDiS) de la Commission de Régulation de l’Energie pour abus d’ARENH.
En effet, Ohm Energie a tiré profit, sans aucun scrupule, de la reprise économique post COVID-19 et de la guerre en Ukraine, pour revendre sur le marché, lorsque les prix étaient les plus hauts, des stocks d’énergie achetés à prix fixes auprès d’EDF.
Cependant, cette électricité avait vocation à être redistribuée à prix modéré aux usagers et usagères, et non à remplir les poches de ce fournisseur.
Conscient de ces dérives, j’avais alerté à plusieurs reprises la Commission de Régulation de l’Energie (CRE), au côté d’associations de défense de consommateurs qui avaient également signalé ces pratiques abusives : OHM Energie, et même Agnès Pannier Runacher, alors ministre de la transition énergétique, m’avaient alors accusé de tenir des propos faux, voire diffamatoires.
Malgré le déni des libéraux et d’influenceurs grassement payés pour relayer une communication purement mensongère, cette sanction prononcée contre un fournisseur alternatif est historique, et fera date.
Au-delà de cette amende, il faut aller plus loin pour assainir le système actuel.
En effet, les pratiques abusives sont légion dans le secteur énergétique : afin de faire face à la flambée des cours de l’électricité, après la crise sanitaire, le gouvernement a obligé EDF à mettre encore plus de volumes Arenh à disposition de ses concurrents, afin que ceux-ci appliquent le bouclier tarifaire.
Cependant, une partie de cette électricité a été revendue sur les marchés.
Résultat des opérations : des centaines de millions d’euros ont été volés par les fournisseurs alternatifs aux usagers et usagères, qui ont dû faire face, dans un contexte d’inflation exacerbée, à une hausse moyenne de 36% de leurs factures, le tout sur le dos de l’opérateur historique, EDF.
La décence voudrait que le butin issu de ces sanctions soit fléché vers un dispositif pour les foyers souffrant de précarité énergétique.
Si le sujet de l’énergie n’a été que trop peu abordé dans la période, il reste pourtant un enjeu majeur et un poste de dépenses parmi les plus importants pour les ménages. La hausse des prix de l’énergie depuis la crise sanitaire a entrainé des difficultés financières aigues pour les familles populaires.
Ce qui crée ces difficultés, c’est le marché lui-même, qui ouvre la porte à des pratiques spéculatives d’acteurs dits alternatifs, alors que l’énergie est un bien essentiel, qui ne peut être traité comme une marchandise.
La libéralisation de ce secteur est d’abord et avant tout une poule aux œufs d’or pour des requins qui se gavent sur l’argent public, alors qu’ils ne produisent rien.
Les premières victimes de ce système, ce sont les usagers et usagères, que la pensée dominante aime à nommer clients.
Soit le coût des factures peut augmenter de manière foudroyante d’un mois sur l’autre, soit les usagers sont lésés de leur contrat du jour au lendemain dès lors que le fournisseur d’énergie n’a plus la capacité de rentrer dans ses frais. Comble du cynisme, c’est l’opérateur EDF qui récupère ces usagers lésés.
Si le mécanisme de l’ARENH doit prendre fin à l’horizon 2026, nous devons redoubler de vigilance et de travail pour remettre sous giron public la production et la distribution d’énergie.
Sortir du marché européen de l’énergie est un impératif social, économique et environnemental. L’abandon de la hausse du coût de l’électricité de 10%, prévue initialement le 1er août prochain, est un autre bon signal dans la période. Faisons de l’énergie un bien commun.