Discours inauguration village du monde

27 Sep 2024

Seul le discours prononcé fait foi

Permettez-moi avant toute chose d’avoir une pensée pour notre camarade M. Nguyên Phu Tong, secrétaire général du Parti communiste du vietnamien qui nous a quittés il y a quelques semaines. Il laisse un héritage conséquent qui a permis le développement de son pays.

Bienvenue à toutes et tous au Village du Monde. Ici, se trouve un parfum, une atmosphère dont notre monde a tant besoin. C’est l’internationalisme, la grande fraternité humaine. C’est ce chemin d’espérance que nous souhaitons faire émerger. Pour notre part, nous le nommons toujours communisme comme processus de partage des pouvoirs, des savoirs et des richesses. Ce projet de société considère chaque être humain comme l’égal de l’autre et met sur le plan international le respect et la coopération de chaque peuple comme élément cardinal.

Il ne peut y avoir de modèle coopératif sans respect des droits des peuple à disposer d’eux-mêmes. A l’échelle des sociétés comme au niveau global, ce capitalisme financiarisé rappelle le besoin de construire ce modèle alternatif que nous souhaitons.

Cette mondialisation capitaliste nous enfonce, l’humanité mais également l’ensemble du vivant, dans une voie dangereuse. Par la course au profit, elle crée des fractures gigantesques.

D’abord au niveau social. Depuis 20 ans, les inégalités se sont accentuées. La répartition entre le capital et le travail a largement profité aux capitalistes. La crise du Covid-19 a accéléré cette fracture mondiale et au sein des Etats. La grande pauvreté, la malnutrition repartent en hausse.

La course à la supériorité technologique, aux nouvelles ressources stratégiques contribuent à des stratégies agressives d’Etats et de conglomérats. Oui, dans la logique néolibérale, les Etats sont des garants des entreprises transnationales, de la tech et des grands groupes énergétiques, qui détiennent les moyens de production de l’information, des fonds d’investissement colossaux ou encore les matières premières stratégiques : minerais, brevets.

Ils veulent façonner le monde derrière des visions techniques.

L’IA, la course aux armements, la conquête spatiale. Tout cela doit servir une élite déconnectée du reste du monde. La grande masse doit consommer, subir le cours du monde.

Pourtant, ce monde fait de fractures, d’inégalités, de violences fait reculer les systèmes démocratiques, les droits sociaux.

Il est le terreau des fondamentalismes religieux, des nationalismes qui attisent les appétits de conquête, les agressions militaires et les projets impérialistes.

La guerre généralisée menace. Un tiers de l’Humanité sous un conflit, guerre entre Etats, guerre civile ou conflit larvé entre groupes paramilitaires. Les foyers de terrorisme qui vivent de l’affaiblissement des Etats, qui déstructurent des régions entières se multiplient.

Le marché des armes est le plus prospère. La vie humaine est une statistique, une ligne comptable pour ces marchands de morts. La folie des armes alimente les rancœurs, les haines.

Le déploiement de milliers d’armes au nom d’intérêts commerciaux ou de concurrences géopolitiques est insupportable. En Europe, au Moyen-Orient, l’usage de l’arme atomique, de conflit d’ampleur ne sont plus tabous. En Asie-Pacifique, la menace d’un affrontement mondialisé nous fait craindre le pire.

Les discours binaires sont légion : le bien contre le mal, la civilisation contre la barbarie. Le climat idéologique prépare les esprits. Les médias de masse, aux mains des GAFAM ou d’Etats, en sont les sinistres relais.

Comme le disait notre camarade Bernard Thibault, ancien secrétaire général de la CGT, la troisième guerre mondiale sera sociale. Sociale car totale, incluant toutes les composantes sociales de notre monde. Car elle portera sur les droits que la classe des exploités pourra avoir.

Comme dans des précédents conflits, elle utilise l’arme de la faim. En Ukraine et en Palestine.

Elle est spatiale avec la privatisation d’un lieu autrefois sujet de coopération. Cela prépare une société de contrôle total et pourquoi une militarisation aux risques incommensurables.

Elle est informationnelle puisque l’interférence dans des Etats souverains, dans des processus démocratiques est devenue une habitude. Elle structure les modes de pensée.

A l’heure de l’information en direct, son contrôle devient un enjeu de pouvoir.

La guerre est surtout possible car une grande partie des décideurs politiques portent des projets violents, d’expansion territoriale, de guerre culturelle.

Pour asseoir sa domination et assurer la division des peuples, le capitalisme s’accommode et alimente les courants d’opinion réactionnaires. Il s’en accommode pour étouffer toute contestation sociale et politique. Pour diviser les exploités et les rendre vulnérables, il construit des fractures qui servent les projets de pillage des ressources.

Il les alimente par les médias de masse, par la division. En sapant les mobilisations sociales pour favoriser les courants identitaires. Cette logique est valable ici en France, en Europe et aux quatre coins de la planète.

Je le dis car les batailles contre la guerre et contre l’extrême droite devront se mener ensemble ;
La guerre, c’est l’élimination d’un ennemi, par tous les moyens possibles. C’est la déshumanisation pour justifier les crimes, l’horreur.

Elle déchire des sociétés, crée des rancœurs, des haines pour des générations. Elle traumatise par des souffrances durables.

La guerre est un fléau, elle symbolise l’échec de la politique et du dialogue.

Elle ravage tous les continents. En Europe, le conflit en Ukraine nous horrifie. Le choix russe d’envahir son voisin a eu des conséquences catastrophiques. Au nom d’un projet nationaliste, d’une revanche sur l’histoire, Vladimir Poutine pense réaffirmer une puissance. Il révèle en réalité sa faiblesse. Mais à quel prix ? 200 000 enfants ukrainiens ont été volés à leur famille au moment de l’invasion de février 2022, près de 500 000 morts pour les belligérants et une jeunesse condamnée à la violence ou à l’exil.

Au Proche-Orient, particulièrement en Palestine, l’horreur nous saisit chaque jour. Depuis le 7 octobre, date de l’attentat terroriste du Hamas, c’est un nouveau cap qui a été franchi. Le cynisme des dirigeants israéliens a justifié un massacre sans nom. Destruction de Gaza au point de la rendre invivable, attaques répétées des colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Les bilans actuels font froid dans le dos : Gaza, terre des réfugiés palestiniens, terre de l’esprit national palestinien, a vu plus de 70% de ses infrastructures détruites, 80% des hôpitaux de l’enclave ne fonctionnent plus. Le bilan officiel fait état de 40 000 morts, sans compter les milliers de blessés graves qui succomberont faute de soins ou sous les décombres. La revue médicale britannique The Lancet, référence mondiale dans son domaine, prévoit un bilan de 186 000 décès. Les manœuvres militaires en Cisjordanie mènent à un autre bilan effroyable : le nombre de Palestiniens tués a dépassé celui des deux Intifadas.

L’enfermement systémique, accéléré depuis octobre 2023, place + de 9900 Palestiniens derrière les barreaux, dont 3432 en détention administrative sans motif ni procès.

Les faits de torture révélés à leurs encontre comme les agressions sexuelles révèlent le caractère barbare du processus colonial.

Les instances internationales ont été saisies à l’initiative de l’Afrique du Sud. La Cour internationale de justice (CIJ) doit statuer sur le risque plausible de génocide. La destruction méthodique de toute initiative palestinienne, de tout ce qui fait société, la répression systématique et la volonté d’effacement d’expression palestinienne participent d’une entreprise génocidaire. La saisie de la Cour Pénale internationale qui doit examiner les mandats d’arrêt contre les dirigeants israéliens et ceux du Hamas doit aller au bout.

Nous ne pouvons rester impassibles et silencieux ! Le peuple palestinien doit être placé sous protection internationale ! Je veux avoir une pensée avec vous pour Jean-Claude Lefort, ancien député communiste, président de l’AFPS, très engagé aux côtés du peuple palestinien. Il était aussi rapporteur de la première commission d’enquête sur la responsabilité française dans le génocide des Tutsis au Rwanda. Génocide dont nous constatons les terribles signaux en Palestine.

Nous sommes le journal qui relaie la voix du peuple palestinien. C’est pour cette raison que nous serons tout à l’heure pour inaugurer le stand de l’Etat de Palestine avec toi Hala. Parce que la France doit rejoindre le concert des nations, notamment les derniers Etats européens, à reconnaitre l’Etat de Palestine. Nous portons avec vous la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens et comme nous l’avons fait avec notre ami Salah Hammouri, nous portons la figure de Marwan Barghouti et des plus de 9 900 prisonniers. Comme l’a dit ce député, « le dernier jour de l’occupation sera le premier jour de la paix ».

Nous serons avec nos amis sahraouis que le président Emmanuel Macron a laissé tomber dans un deal honteux alors que ce combat légitime est reconnu par l’ONU.

Nous serons avec nos amis cubains qui souffrent du blocus injuste et qui fait endurer de grandes souffrances à votre peuple cher Otto.

La justice doit triompher. Par nos mobilisations populaires, par les batailles juridiques, nous devons en finir avec l’impunité. Le droit international doit être le cadre d’action, ici comme sur les autres conflits.

Le peuple palestinien a le droit son Etat, à vivre en sécurité et en liberté. Comme l’ont déjà fait 147 pays, il est temps de reconnaitre la Palestine.

Le risque d’une conflagration régionale est réel avec les attaques réciproques entre Israël et le Hezbollah, les Houthis, l’Iran. Mesurons-nous l’impact d’une guerre impliquant plusieurs Etats de la région ?

Les autres conflits, bien souvent oubliés, se déroulent dans l’anonymat ou l’indifférence. Pourtant, de la République démocratique du Congo à la Birmanie en passant par la Lybie et le Soudan, les guerres font des millions de victimes et de déplacés. Elles empêchent le développement économique et social, seule réponse aux besoins sociaux des peuples.

Ces guerres sont des symptômes d’un Far west, celui où des groupes armés font la loi et se gavent sur le pillage des ressources. Les humains et la nature en sont les dégâts. Au soudan qui subit une guerre de clans, suite de la guerre au Yémen où les groupes armés mercenaires se formaient. En RDC, où le Rwanda, allié des puissances occidentales se vautre dans le rapt de son voisin. Nos gouvernements en profitent avec cynisme et instrumentalisent la question migratoire de ces millions de réfugiés qui fuient la guerre et l’autoritarisme. Comble du cynisme, les réfugiés font l’objet de tractations pour être gérés contre l’échange de subsides. Le terrible exemple lybien nous rappelle cette réalité affreuse.

La mondialisation néolibérale a enfanté ces pratiques.

Depuis le début de ce siècle, quand le monde était encore unipolaire sous domination étatsunienne, la logique de force s’est réinstallée. Vingt ans après la deuxième guerre du Golfe, combien d’interventions militaires se sont déroulées pour des logiques de puissance ? Les besoins des peuples et la démocratie en ont fait les frais. Non seulement aucune crise n’a été résolu par la violence mais les situations se sont aggravées. Pensons au Moyen-Orient, à l’Afrique subsaharienne.

Partout, la guerre a renforcé les courants autoritaires qui s’allient et s’organisent pour fracturer nos sociétés. L’internationale la plus organisée est celle de la division et de la haine. Les réseaux criminels prennent une puissance inégalée.

Je dis ça car en tant que militants, nous nous nourrissons des expériences de lutte, de résistance. Nous savons qu’en Hongrie, en Pologne, les femmes et les personnes LGBT ont enduré des régressions dangereuses. Les régimes théocratiques en Iran, en Afghanistan enserrent leur peuple et notamment les femmes qui résistent avec une grande dignité. Solidarité avec toutes les femmes qui luttent pour avoir le droit à disposer de leurs corps partout dans le monde.

2024 est une année décisive pour notre avenir puisque près de la moitié de la population mondiale a participé ou va participer à une élection, avec une extrême droite qui a le vent en poupe partout. Nous savons les atteintes aux droits fondamentaux en Argentine avec le fou Mileï, aux Etats-Unis avec les dégâts qu’a fait Donald Trump ou au Brésil avec Jaïr Bolsonaro, en Inde ou en Turquie où le nationalisme religieux font d’incommensurables dégâts. La France a échappé à ce péril quand nos voisins britanniques ont connu cet été des émeutes racistes, basées sur un mensonge éhonté.

La guerre répond aux besoins capitalistes et une caractéristique bien connue : l’impérialisme. Il s’agit de conquérir de nouveaux marchés en travaillant à faire de la théorie du choc des civilisations une prophétie auto réalisatrice. Pour cela, la dimension ethnique, raciste se déploie pour inférioriser l’autre. Le racisme n’est donc pas un appendice mais une composante essentielle du système capitaliste.

Mettre en concurrence les peuples, empêcher toute solidarité internationale : c’est la clé de voûte du système de domination actuel.

Toutes les agressions sont vouées à l’échec. La logique de puissance ne mène à rien.

L’enjeu climatique vient bousculer tous les scénarios. Quoi qu’en pensent les uns et les autres, cette menace existentielle ne fera pas de différence. C’est une question universelle à laquelle il nous faut apporter une réponse commune. Le changement climatique est là, non pas demain mais déjà présent. Sécheresses, gestion de l’eau, alimentation, transports : nos modes de production et de consommation doivent évoluer et vite. Toutes et tous, vous pouvez témoigner que le climat a brutalement évolué, plus vite que ce que les scientifiques avaient prévu.

Nous nous approchons dangereusement des 2°C de température, seuil critique défini par les scientifiques et inscrit dans les accords de Paris. Cette hausse des températures est une moyenne et nous savons que certaines régions du monde seront difficilement vivables.

La hausse du niveau de la mer et la raréfaction de l’eau constituent à eux seuls de grands défis.

Allons-nous laisser ce monde partir à la dérive ?

Pourtant, il y a des raisons d’espérer et des solutions. Elles doivent s’appuyer sur les résistances, les expériences de luttes sociales et démocratiques.

Le combat valeureux du peuple bangladais qui a réussi à renverser une dictature conservatrice en s’appuyant sur sa jeunesse et sa classe travailleuse.

Il y a ces millions de femmes, notamment en Afghanistan et en Iran, qui réclament leur droit d’exister tout simplement.

Il y a tous ces combats sociaux, ces luttes pour en finir avec l’austérité, les politiques antisociales qui empêchent les travailleurs de vivre dignement. Je pense aux combats des ouvriers de Samsung en Corée du Sud, à ces salariés aux Etats-Unis qui se battent pour le salaire minimum.

Il y a les combats de ces peuples pour leur liberté et pour exiger justice.

Je pense au peuple cubain toujours en lutte contre le blocus étatsunien.

Je pense au peuple kurde qui paie un lourd tribut face aux mouvements jihadistes et nationalistes au Moyen-Orient.

Je pense au peuple vietnamien toujours en lutte pour exiger vérité et justice face aux dégâts provoqués par l’agent orange. Nous continuerons le combat avec toi chère Tran To Nga.

Oui, le droit international doit être le marqueur d’une politique de progrès et de coordination. Parce que nous devons agir collectivement et parce que le progrès social peut se partager.

Je parlais d’une internationale de la réaction tout à l’heure. Doivent émerger une internationale de la paix, en faveur d’une résolution internationale des conflits. La diplomatie doit jouer son rôle mais les peuples doivent se faire entendre et se coordonner. Pas de paix sans justice sociale. C’est le slogan de l’Organisation internationale du Travail. A l’occasion de notre université de la Paix où nous rappelions le combat de Jean Jaurès contre le militarisme et la Première Guerre Mondiale qui venait, nous mettions en avant avec nos amis syndicalistes, des chercheurs à quel point la paix ne pouvait être effective sans répondre aux besoins sociaux.

La paix, c’est donc la justice au sens premier de respect du droit. Il y a je le disais tout à l’heure le combat exemplaire d’Etats pour rendre effectif le respect du droit international. Gloire à l’Afrique du Sud qui porte haut et fort le combat pour faire reconnaitre le droit du peuple palestinien, lui qui a connu les affres de l’apartheid.  

Là où l’injustice, l’humiliation progressent, le chaos est semé. A ceux qui déplorent la situation en Palestine en omettant ce qu’il s’est passé avant le 7 octobre, doit-on leur rappeler que l’Autorité palestinienne a mené la bataille diplomatique des années durant pour être reconnu à l’ONU, à l’UNESCO. Elle a fait reconnaitre le caractère illégal du Mur de séparation et la colonisation. Les grandes puissances sont restées elles bien silencieuses pendant toutes ces années, laissant pourrir une situation dont nous connaissons le sinistre résultat.

La paix, c’est enfin le désarmement. La course folle aux armes ne peut mener qu’au désastre. Chaque arme vendue, chaque somme dépensée dans ce commerce de la mort est en totale contradiction avec la réponse aux besoins humains. Il faut en finir avec les alliances militaires, véritables impasses d’un autre temps. Que ce soit l’Otan ou toute autre alliance dans le Pacifique, en Afrique, elles érigent les peuples les uns contre les autres. C’est le besoin de réaffirmer le traité TIAN, bannissant l’arme atomique qui n’est plus tabou dans la bouche de dirigeants et qui peut rayer la vie sur Terre en quelques secondes.

Un nouvel ordre international doit émerger. Pour cela, il faut s’appuyer sur les énergies et les Etats qui portent des processus innovants. Je pense à nos amis mexicains qui depuis quelques années porte haut l’étendard de la gauche dans un pays qui compte. Félicitation à Andrés Manuel Lopez Obrador pour ses deux mandats et courage à Mme Scheinbaum qui prendra bientôt ses fonctions.

Appuyons-nous sur le Brésil qui agit pour en finir avec la déforestation et qui porte la voix d’une diplomatie de paix.

Chers amis, chers camarades,

Ce nouvel ordre international doit s’appuyer sur le droit et les institutions internationales. C’est la voie pour permettre le dialogue et la coopération. Le multilatéralisme doit être la voie d’un échange permanent, de l’écoute sur la scène internationale. Le temps des communs doit émerger.

Réalisons le travail titanesque de ces institutions. Nous sortons d’une pandémie qui a montré les dangers d’une économie tournée vers la dégradation du vivant. L’organisation mondiale de la santé (OMS) a été exemplaire à ce titre en portant l’idée d’un partage des savoirs et des moyens pour endiguer et prévenir les maladies.

Je veux souligner les efforts conséquents pour faire respecter les résolutions internationales notamment au Moyen-Orient, en Ukraine. A ce titre, je veux saluer les délégués de l’UNWRA, violemment attaqués et diffamés, qui font un travail admirable pour accompagner le peuple palestinien.

Agir ensemble contre le réchauffement climatique en restaurant les éco-systèmes, par les coopérations sur les dépollutions et les technologies propres sont les seules voies raisonnables.

Changer les règles du jeu, ce n’est pas changer de maitre. Les puissances occidentales ne dictent plus l’ordre du monde, et c’est tant mieux car la majorité de l’humanité qui vit dans ce qu’on appelle dans le Sud doit être entendue dans le concert des nations. Des institutions, des forums internationaux regroupent les pays du Sud. Le plus connu d’entre eux est le regroupement des BRICS. Pour la première fois en 2023, avant même son élargissement, le PIB de ces pays dépassait celui des Etats-Unis, de l’UE et du Japon.

Le Sud global est devenue une formule à la mode, souvent réductrice tant elle dévoile des réalités différentes. Mais il dit à quel point nous devons entendre ces mondes qui émergent et sortir des rapports néocoloniaux.

Changer les rapports internationaux ne doit pas amener à remplacer un vieil impérialiste par un nouveau.

C’est ce que nous souhaitons incarner ici au Village du monde. Pour cette 89e édition, en cette année 2024 où nous célébrons nos 120 ans, l’Humanité garde son ADN internationaliste.

Nous pensons que chaque lutte locale, chaque lutte nationale porte une idée commune d’émancipation.  Ici, ce n’est pas le lieu de la concurrence entre les peuples.  C’est le lieu de la grande fraternité humaine.

Je veux vous dire à quel point l’Humanité est fière de vous accueillir. Notre journal est la voix des sans-voix qui relaie ce cri des peuples en lutte.

Nous restons le journal de l’autodétermination des peuples et je veux à cet égard affirmer notre solidarité avec les Kanaks. Nous avons inauguré une place Jean-Marie Tjibaou hier après-midi car nous voulons dire à quel point il faut sortir des logiques coloniales dans une France qui cultive la nostalgie du passé. Le peuple Kanak a le droit à l’autodétermination !

J’ai une pensée à ce titre pour notre ami et camarade Alban Liechti qui nous a quitté il y a quelques jour. Militant communiste, premier soldat du refus, il avait refusé de porter les armes contre le peuple algérien en lutte pour sa libération. Honneur à lui et à tous ces femmes et ces hommes qui ont sacrifié leur liberté pour la cause d’un peuple.

Vous le comprendrez, cette Fête de l’Humanité veut porter l’idée d’une France généreuse, solidaire. Cette France, qui dans les glorieuses pages de son histoire, a toujours pu compter sur ces étrangers et nos frères pourtant. Ces sœurs et frères d’humanité qui sont entrés au Panthéon de la Nation française, de la République avec Mélinée et Missak Manouchian. Avec eux, c’est l’internationalisme qui a été reconnu comme élément constitutif de notre patrie républicaine. C’est la Main d’œuvre immigrée, ce sont les soldats espagnols qui ont libéré Paris en août 1944, ce sont ces tirailleurs sénégalais, goumiers et autres soldats coloniaux qui ont libéré la France. Gloire et honneur à ces femmes et ces hommes.

 Cette France aurait dû gouverner avec le Nouveau Front Populaire, coalition des forces progressistes et de l’écologie. Au village du Monde de la Fête de l’Humanité, nous portons cet espoir d’une France et d’une Europe qui travaille de concert à de nouveaux rapports internationaux fondés sur le respect et la coopération.

Des victoires sont possibles et ce qui paraissait impossible a été réalisé. Les noms prestigieux qui nomment ces allées le démontrent.

Nous en avons eu la preuve avec la libération de Julian Assange qui peut enfin profiter de ses proches alors que son seul crime est d’avoir dénoncé des crimes de guerre.

Nous avons l’honneur de célébrer cette année la révolution des Œillets avec nos amis portugais au stand de l’Avante, nos mais libanais dont le parti communiste souffle son 100e anniversaire.

Nous recevons enfin et quel honneur de t’avoir avec nous chère Angela Davis, dont une place porte ton nom depuis des années ici. Tu es chez toi et sache que tu es une grande source d’inspiration et de fierté pour les camarades français qui ont mené la bataille pour ta libération, ont lu tes écrits pour qui ont nourri la pensée et l’action pour l’émancipation humaine.

Chers amis, chers camarades,

Comme nous l’avons fait à l’occasion de ces Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, nous accueillons le monde pour cette fois gagner ensemble. C’est cela le sens d’une Fête populaire et d’un internationalisme nécessaire.

Je vous remercie.

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