Qui va payer la facture ?

10 Oct 2024

Pour évacuer son impopularité, le gouvernement annonce une taxation exceptionnelle de 0,3 % sur les soixante-cinq mille foyers fiscaux les plus riches et les grandes entreprises aux profits importants. Il s’agirait de favoriser une part de « justice fiscale » dans la recherche de recettes nouvelles en raison d’un déficit public qui devrait dépasser les 6 % du PIB cette année.

Une nouvelle fois, ce gouvernement, comme le précédent, agite la peur d’un « trou abyssal », omettant qu’une bonne dette puisse exister, si des investissements étaient faits pour les services publics, la transition énergétique, etc. Cette stratégie leur permet, d’une part, de masquer que les politiques libérales sont responsables de la dégradation des comptes publics et, d’autre part, de justifier la grande purge qui s’annonce.

Derrière cet effort plus que limité demandé aux plus riches pour trouver de nouvelles recettes, un nouveau tour de vis austéritaire est prévu : 40 milliards d’économies sur le budget 2025 et 60 milliards en comptant celui de la Sécurité sociale !

Déjà, les premières annonces injustes émergent : gel de l’indexation des pensions de retraite ou encore hausse prévue des franchises médicales.

La Cour des comptes, dont l’ancien président est devenu garde des Sceaux, y est allée de ses préconisations tout aussi austères : il faudrait supprimer 100 000 emplois publics. Encore faut-il préciser dans quel secteur : dans l’éducation nationale, l’hôpital public, la police et la justice, les collectivités locales ?

C’est à l’aune de ces projets qu’il faut mener le débat sur la fiscalité. La France est un pays d’injustice fiscale. Contrairement à une vieille lune libérale, tout le monde paie l’impôt en France : Français, étrangers et même les sans-papiers, avec la TVA qui a généré l’an dernier 272 milliards d’euros de recettes.

La start-up nation a supprimé l’impôt sur la fortune, a fait des cadeaux faramineux au capital avec le Cice (plus de 40 milliards d’euros) et la baisse des impôts de production (20 milliards d’euros). Les effets en termes de créations d’emplois ont été bien maigres. En vingt ans, le patrimoine des 500 plus grosses fortunes a bondi de 943 %. En clair, une politique de classe qui a affaibli la solidarité nationale et fait progresser les inégalités et la précarité.

À tous ces cadeaux s’ajoutent les exonérations de cotisations patronales.

En 2022, ce sont près de 73 milliards d’euros qui ont pesé notamment sur le budget de la Sécurité sociale. Les marchés demandent plus de contrôle à un chômeur en fin de droits qu’à un multi-actionnaire du CAC 40.

L’annonce par ce gouvernement illégitime d’une contribution à hauteur de 0,3 % pour les foyers les plus riches, à laquelle s’ajoute une taxe sur les armateurs, provoque déjà des cris d’orfraie. Il faudrait remercier les plus riches de ne pas s’en aller. Argument étonnant quand ceux-là mêmes sont prêts à s’acoquiner avec l’extrême droite pour demander davantage d’expulsions du territoire national des étrangers, mais qui sont prêts à chercher un exil doré en cas de hausse des taxes.

Alors que la France est dans le viseur de la Commission européenne pour exécuter une grande saignée, il faut au contraire répondre aux besoins sociaux immenses et aux défis d’avenir comme l’innovation ou la planification écologique. C’est un débat de société que doivent investir les forces de progrès pour en finir avec le baratin libéral.



Dans la même catégorie

Que les armes se taisent

Que les armes se taisent

Le 7 octobre 2023 est un choc qui marquera pour longtemps la société israélienne. L’attaque...

La gauche en fête

La gauche en fête

La 89e édition de la Fête de l’Humanité marquera à jamais les esprits et les cœurs des 450 000...

Dans les autres catégories