La COP 29, sommet international pour le climat, s’est achevée ce dimanche 24 novembre. Cette réunion s’est tenue dans un contexte d’urgence. Les chiffres alarmants du GIEC (groupement d’études international pour le climat) sont en effet catastrophiques puisque le scénario privilégié de la COP de Paris en 2015 est déjà dépassé. L’objectif de maintenir le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle n’est plus possible et nous sommes actuellement sur une trajectoire à 2,5°C.
Les émissions de gaz à effets de serre n’ont pas baissé (mis à part l’année 2020), les catastrophes climatiques se réalisent devant nos yeux et plus rapidement qu’anticipé dans les prévisions.
Après une COP dédiée à la biodiversité et un sommet du G20 (sur le reforestation) tous les deux décevants, la COP 29 ne s’ouvrait pas sous les meilleurs auspices, qui plus est dans un Etat pétrolifère. Au-delà de la présence de chefs d’Etats de grandes puissances, c’est surtout l’autre élément central du contexte international qui a pesé sur la conférence internationale : l’élection de Donald Trump à la tête des Etats-Unis d’Amérique et qui sera le hérault des chefs d’Etat climatosceptiques déjà trop nombreux aux quatre coins de la planète.
Il n’en fallait pas plus pour faire une place, déjà bien trop grande, aux représentants des multinationales des énergies fossiles, dénoncées à juste titre par de nombreuses ONG.
Alors que la précédente COP aux Emirats Arabes Unies évoquait timidement une sortie progressive des énergies fossiles, le sommet de cette année remettait ce sujet sur la table, prouvant que rien n’est jamais acquis.
Les débats furent souvent houleux mais surtout empêchés par la direction azerbaïdjanaise. Il faut dire que le régime dirigé d’une main de fer par Ilham Aliyev n’est pas coutumier du débat démocratique, loin s’en faut.
Ceux qu’on appelle parfois simplement lobbys sont en réalité des représentants du capital et d’Etats qui ne visent qu’à préserver leurs intérêts immédiats. Imprégnés de l’idéologique néolibérale, convaincus de la toute puissance du marché, ils considèrent qu’il ne faut pas de nouvelles règles pour atteindre les objectifs climatiques. Les chiffres, les faits sont pourtant connus mais l’enjeu du profit prévaut sur le besoin de préparer l’avenir d’un monde en surchauffe.
Depuis 2009, sommet de Copenhague qui a fait date dans la reconnaissance du réchauffement climatique mais surtout des inégalités entre Etats et régions, un fonds avait été créé pour assurer la transition écologique : le nouvel objectif quantifié. L’objectif des 100 milliards d’aides aux Etats vulnérables et en voie de développement ont été réalisés mais avec deux ans de retard sur le calendrier initial. Cette question de moyens pose deux enjeux fondamentaux. D’une part, la dette écologique et sociale des pays industrialisés qui ont pillé les ressources et pollué le monde au nom de leur croissance. Au-delà du ressentiment ou d’un héritage historique, c’est la question de l’inégalité d’accès aux technologies et aux productions les moins polluantes, souvent plus onéreuses dans la mesure où elles sont utilisées comme avantage compétitif. Les Etats les plus industrialisés répondent que la Chine et d’autres pays ayant émergé sur la scène économique depuis 30 ans participent davantage par des contributions plus élevés.
D’autre part, l’adaptation au changement climatique a déjà commencé et les modes de vie sont déjà bouleversés. Le monde à +1,5°C est déjà là avec son lot d’événements climatiques extrêmes qui provoquent des fractures encore plus grandes dans les sociétés, économiquement et socialement. L’inaction des années précédentes nous coûte plus cher.
La sortie des énergies fossiles ou d’autres productions polluantes sera financée à hauteur de 287 milliards par an d’ici 2035. Une déception dans la mesure où il faudrait que le montant soit doublé pour réaliser les objectifs établis.
La question des moyens est évidemment centrale pour financer les projets de transition et d’adaptation au changement climatique. Mais on ne peut laisser les mécanismes de marché être à la manette. La réforme des crédit carbone qui est symptomatique de ce logiciel des COP. C’est ainsi que les Etats ou industriels les plus pollueurs pourront continuer de polluer en achetant des crédits et à financer des projets de reforestation notamment. Ce système avait été mis à mal par des révélations de corruption et d’achat de crédits, faisant d’un système prétendument vertueux une incitation à polluer…pour les plus riches.
Loin de trouver le salut dans une finance éthique, c’est au contraire les mécanismes de financiarisation qu’il faut contester. La reconnaissance de biens commun que sont l’eau et d’autres ressources vitales est une exigence indispensable en les sortant des mécanismes de marché. Les sommets environnementaux ont incontestablement le mérite d’exister et sont la démonstration que le multilatéralisme est possible. Mais celui-ci est clairement mis à mal dans une mondialisation qui est passée à une étape féroce de concurrence nationaliste et belliqueuse.
Sans s’attaquer aux injustices sociales, aux fractures de ce monde, sans régler et prévenir les foyers de violence à travers le monde, il n’y aura pas de solution sérieuse pour résoudre la crise climatique et environnementale. D’ailleurs, le cycle de négociation qui se tient à Busan depuis hier afin de finaliser un accord sur pollution plastique est une éclatante illustration. Un traité international pourrait voir le jour mais réduit à sa portion congrue pour complaire aux industriels. Dans un monde où nous connaissons déjà les impacts nocifs des plastiques sur notre santé, où un 7e continent a été créé par des amas de ces déchets (issus d’énergies fossiles rappelons-le), jusqu’où irons-nous dans le déni ?
Au lieu d’attendre le désastre, les forces vives du mouvement social, des organisations environnementales doivent se fédérer pour faire des sommets internationaux pour le climat des rendez-vous de luttes et d’espoir.