Réception des Vœux 2025

22 Jan 2025

Des vœux de paix

Je suis heureux de vous retrouver ici et vous remercie de votre participation à notre évènement. Vous le savez, l’Humanité est votre maison, vous y êtes toujours les bienvenus. 

Je vous souhaite avant toute chose, au nom des équipes du groupe l’Humanité, une belle et heureuse année 2025. Qu’elle soit synonyme de bonheur, de santé, de moments de partage et de réussite pour vous ainsi que pour vos proches. Qu’elle soit collectivement tournée vers l’espoir, la combativité, les luttes et les victoires pour la paix, la justice sociale et environnementale.

Mes premières pensées vont à nos compatriotes mahorais, dont l’île a été ravagée par le cyclone surpuissant Chido.

Le réchauffement climatique n’est plus une vue de l’esprit. Des épisodes de pluies diluviennes qui ont ravagé Valence, des mégafeux comme à Los Angeles ou des épisodes venteux sont de plus en plus réguliers et de plus en plus forts. Quoiqu’en dise les climatosceptiques, le grand bouleversement climatique est à l’œuvre. 

La science nous l’affirme : 6 des 9 limites planétaires sont déjà franchies. C’est donc la sureté et la sécurité d’un fonctionnement sain et stable qui est remis en cause, pour l’ensemble de l’Humanité. Partout ce sont les classes populaires qui paient le plus lourd tribut en vie humaine ou en destructions. Il convient de rappeler qu’à l’horizon 2030, nous en serons à 260 millions de réfugiés climatiques et plus d’un milliard à l’horizon 2050. Et là, les murs qui sont montés pour repousser les hommes et les femmes qui fuient la guerre, la misère ou l’oppression n’y changeront rien. Si rien n’est fait pour lutter contre le dérèglement climatique, il faudra obligatoirement partager les territoires qui restent vivables. 

Le problème n’est donc pas l’immigration à Mayotte, comme veut le faire croire Bruno Retailleau, Ministre de l’Intérieur, mais bien l’inégalité de traitement entre les départements français et la sous dotation de Mayotte dans tout le périmètre régalien de l’Etat. Ce territoire doit avoir accès comme les autres à des services publics de qualité, mais aussi du bâti en dur et en capacité de résister aux ouragans.

Et surtout, il faut agir concrètement pour adapter nos sociétés au changement climatique. Cela nécessité donc de changer nos modes de production, de consommation, de transport pour sortir des logiques court termistes, pour planifier, produire localement ce dont nous avons besoin et d’arrêter de mettre les peuples en compétition avec des traités de libre-échanges qui ravagent notre planète. 

Le philosophe Slavo Zizek dit cette phrase très parlante : « il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme ». En ce qui me concerne, je ne me résous pas à la fin du monde, alors formons le vœu ensemble que 2025, soit l’année qui voit le capitalisme dépassé et que s’ouvre le chemin d’une société nouvelle, que pour notre part, nous nommons le communisme.

D’autant plus que ce capitalisme en crise cherche des débouchés pour continuer à accroître ses richesses au détriment de la nature et du vivant.

Et cela commence par des conflits armés aux 4 coins du monde :  pour ici conserver la main mise sur des ressources, là un accès à une route commerciale ou encore ici, un accès à l’eau potable qui se raréfie avec l’acidification des océans. La guerre, avec l’inflation, est l’une des armes du capital pour mettre en compétition les travailleurs entre eux et continuer ses politiques au service des intérêts de l’argent, tout en appauvrissant les peuples. Pensons que la richesse des milliardaires a bondi de 2 000 milliards de dollars en 2024, provoquant des inégalités jamais vues entre Etats et au sein même des sociétés.

Je crois que chacun comprendra ici que je formule spécifiquement et en premier lieu pour l’ouverture de cette réception, des vœux de paix, dans un monde dévasté par les conflits. Du Myanmar au Soudan, du Yémen en Syrie, nos amis Kurdes, sans oublier les tensions multiples entre les États-Unis et la Chine, ou encore avec le Mexique, nous pensons à toutes les victimes des guerres, sans distinction. Je le redis, à l’Humanité, nous ne faisons pas le tri dans la grande fraternité humaine. 

A quelques jours du 3ème anniversaire du début de la guerre en Ukraine, suite à l’agression militaire russe, permettez-moi de m’y arrêter un peu plus longuement. L’armée russe continue sa progression et ce conflit ne cesse de s’enliser, dans un délire expansionniste de Poutine. Le bilan humain et matériel est très lourd. Depuis février 2022, le conflit a déjà tué et blessé 1 million de Russes et d’Ukrainiens. Plus de 700 établissements médicaux et 1 500 écoles et collèges ont également été endommagés ou détruits.

Nous appelons à nouveau à un cessez-le-feu immédiat. Soyons prudents et attentifs quant aux promesses triomphalistes et vantardes de Trump, pour son retour à la Maison Blanche, à mettre un terme rapidement à ce conflit. Cela pourrait surtout signifier qu’il puisse forcer Kiev à des concessions majeures et accorder une victoire géopolitique au Kremlin. Il ne faut pas nourrir les haines et les rancunes en humiliant les Russes, mais cela ne peut pas se faire au détriment de l’intégrité territoriale de l’Ukraine tout en respectant les accords de Minsk. L’issue n’est donc pas guerrière, mais bien diplomatique. 

Quelle qu’en soit l’issue, cette guerre en Europe est le symbole de l’échec de l’ordre international actuel qui a montré son vrai visage. On le sait, certains ont intérêt à cette guerre et à la course à l’armement. Au lieu de dénoncer l’invasion russe, les va-t-en guerre ont été, et sont encore, tout à leur joie de faire la promotion du réarmement militaire, nucléaire même, en réclamant des budgets des armées à 3% du PIB, certains appelant à investir jusqu’à 5% même, comme l’exige Mark Rutte, secrétaire général de l’OTAN, favorables à un engrenage militariste au détriment des besoins sociaux. 

Chers amis, chers camarades, les dépenses militaires mondiales atteignent des records. 2500 milliards l’an dernier. A l’inverse, nous portons un autre projet de grande sécurité humaine, basé sur des coopérations entre nations libres et souveraines, en assurant la dignité pour chaque peuple de pouvoir répondre à ses besoins essentiels. 

Avec cet argent, nous pourrions éradiquer la pauvreté et la faim dans le monde en 10 ans seulement. 

Nous appelons donc que 2025 soit une année de sécurité globale pour les peuples, en investissant d’abord dans l’éducation, les services publics, l’industrie, l’agriculture paysanne et qu’à la fin de la décennie, nous ayons éradiqué la bombe nucléaire et les 8000 ogives qui menacent notre sécurité collective. Et la France doit enfin ratifier le traité TIAN. 

Chers amis, chers camarades, 

Comment ne pas évoquer une nouvelle fois la situation dramatique vécue par nos sœurs et nos frères palestiniens, drame amplifié depuis le 7 octobre 2023 et l’attaque terroriste du Hamas ? 

L’accord de cessez-le-feu annoncé la semaine dernière est un soulagement. Mais que de temps perdu du fait de l’inconséquence des chancelleries occidentales, des postures idéologiques, guerrières et meurtrières de Netanyahou et de ses alliés. C’est le peuple palestinien qui en a payé le prix fort. Nous parlons d’un génocide ! Je sais que ce mot fait débat entre progressistes. Je veux rappeler ici, que 60% des victimes sont des femmes et des enfants, que 307 travailleurs humanitaires ont été tués, que 62% des maisons des civils ont été détruits, que plus 1,9 million de gazaouis ont été déplacés, que la totalité de la population est menacée de famine, que 84% des hôpitaux ont été détruits. Dans le même temps, plus de 102 déclarations de dirigeants israéliens ont déshumanisé les Palestiniens, les traitant d’animaux à abattre et qu’une partie significative de la population a été ciblée. 

Selon la Convention de 1948, la question n’est pas le nombre, mais l’intention et qu’un nombre significatif de la population soit visé. C’est donc clairement un génocide. 

Nous souhaitons d’ailleurs qu’en même temps que l’aide humanitaire de grande ampleur amène nourriture et médicaments, des journalistes puissent entrer dans Gaza pour relater l’ampleur des dégâts et des massacres. Je m’adresserai d’ailleurs à mes confrères ces prochains jours pour qu’ensemble nous portions cette exigence. 

Mais l’arrêt des combats n’est pas la paix, d’autant plus que l’intervention de Donald Trump n’est pas un geste philanthropique mais un projet de configurer le Moyen-Orient à sa botte. N’oublions pas également à quel point le cessez-le-feu au Liban n’est pas respecté par Israël. Il faut donc un arrêt réel.

Avec la chute du régime syrien, que personne regrettera ici, Washington va poursuivre son œuvre impérialiste dans la région et peut très bien laisser le champ libre à l’Etat israélien pour annexer la Cisjordanie. Or, il nous faut sans cesse répéter cette phrase du leader palestinien, Marwan Barghouti, dont nous espérons la libération prochaine avec des milliers de prisonniers politiques palestiniens : « Le dernier jour de l’occupation sera le premier jour de la paix ». 

Les Palestiniens ont droit à leur Etat souverain, reconnu par les résolutions internationales, c’est la condition d’une paix juste et durable. La colonisation doit être stoppée, le mur de la honte démantelé et les expropriations, humiliations et violences quotidiennes en Cisjordanie doivent cesser. Le droit international doit enfin s’appliquer comme partout dans le monde. 

Mais il n’y aura pas de paix, sans justice ! 

Les criminels de guerre et contre l’Humanité doivent être rendus à la justice internationale et répondre de leurs actes, à commencer par Netanyahou et son cabinet de guerre, ainsi que les dirigeants du Hamas encore en vie. 

L’Occident, si prompt à donner des leçons de démocratie, va-t-il s’enfoncer dans le déshonneur total en laissant un tel dirigeant continuer sans être inquiété par le Mandat d’arrêt international prononcé par la CPI à son encontre ? 

Enfin la France, l’Union européenne doivent prendre leurs responsabilités : reconnaissance de l’Etat de Palestine et suspension de l’accord d’association avec Israël.

Le Président de la République serait mieux inspiré d’agir en ce sens, plutôt que d’insulter les Haïtiens de cons, de mépriser les Mahorais qui devraient s’estimer heureux d’être Français, de provoquer l’Algérie sous pression de l’extrême droite, et d’affirmer lors de la conférence des ambassadeurs que la France n’avait pas été assez remerciée pour son intervention au Sahel. Autant de propos présidentiels, signe d’un logiciel colonial toujours bien actif. 

Pour nous, il s’agit d’un disque rayé et les pays qui ont un lien avec la France attendent autre chose d’une relation diplomatique, en Afrique notamment. 

Il faut se battre sur tous les sujets. 

Je profite de la présence de Monsieur l’Ambassadeur de Cuba pour saluer une décision inattendue. Juste avant la fin officielle de son mandat, Joe Biden a retiré Cuba de la liste noire des Etats soutenant le terrorisme, ce qui va permettre la libération de plusieurs centaines de prisonniers politiques. Cela étant cette décision risque d’être vite remise en cause par le nouveau Président des Etats-Unis. Mais au-delà, nous continuons à exiger la levée du blocus économique dont est victime Cuba et sa population.

Le combat pour la paix devient plus urgent que jamais. A l’Humanité, vous le savez, c’est notre ADN depuis 120 ans, d’où le choix de notre carte de vœux cette année encore, issue de notre nouvelle campagne de communication. Et pour paraphraser Jaurès ’’on ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre’’.  

Pour combattre la guerre, c’est en amont qu’il faut agir, en luttant contre le repli sur soi, le racisme, l’antisémitisme, le nationalisme. Ces concepts sont le fond de commerce de l’extrême droite, partout dans le monde et qui font le lit de la guerre. 

Des vœux de fraternité et de solidarité

Chers amis, chers camarades, je veux vous adresser des vœux de fraternité et de solidarité. L’arrivée de Trump ou plutôt son retour fait peser une menace nouvelle. Nous sommes dans un moment de bascule.

Partout, le capital, qui, après avoir essoré la social-démocratie pour ses propres intérêts, favorisé l’ordolibéralisme pour mener des réformes à son profit, a décidé de soutenir des partis autoritaires et d’extrême droite pour continuer son œuvre destructrice. 

Musk n’est que la pointe avancée du combat, mais avec lui ce sont les Gafam, Apple, Facebook, plus puissants que les Etats, qui ont décidé de confier leur destin à des régimes pré-fascisants ou de favoriser leur éclosion ou leur accession au pouvoir.  De Meloni à Mileï, de Trump à Orban, de Farage à l’AFD en passant par Zemmour, le Pen ou Bolsonaro qui ne désarme pas au Brésil, c’est donc l’émergence d’un ordre nouveau, la grande internationale des réactionnaires.

Alors que le monde qui nous entoure appelle à la réflexion, à l’intelligence collective et à l’action, nous sommes dans un effondrement effroyable du mouvement des idées, la mise au ban des idées progressistes et nous sommes entrés dans l’ère de la post-vérité ou de la vérité alternative.

Cela s’accompagne d’une confiscation des valeurs, mais aussi des mots et une inversion morale et politique. Les antiracistes sont devenus les racistes, le Pen n’est plus un antisémite, mais un « combattant pour une certaine idée de la France », C News se repeint en chaîne de la liberté d’expression pour mieux cracher sa haine de l’étranger. 

Ce qui se noue actuellement est d’une ampleur inégalée depuis un siècle. Les porteurs de haine, raciste et antisémite, homophobe, sexiste, vampirisent le débat, leurs idées sont propulsées par des chaines de désinformation puissantes, comme ces émissions du bouffon du roi qui se met des nouilles dans le slip et part en vacances avec Bardella, et propage sa haine nuit et jour sur les chaînes de Bolloré. Leurs idées inondent notre espace numérique renforcé par de puissants algorithmes qui flattent les théories fumeuses du grand remplacement et toutes les théories complotistes, de la terre plate, au sexe des anges, sans oublier les antivax. 

Il y a urgence, d’autant plus que partout où l’extrême droite arrive au pouvoir, elle restreint les libertés syndicales, de la presse, de manifester, d’organiser, réduisant à néant la culture si elle est émancipatrice et ne répond pas à ses intérêts. Trump vient d’annoncer la couleur comme Milei avant lui : la guerre contre l’immigration, la dépense publique et la guerre commerciale avec tous ceux qui ne voudront pas se soumettre à la grande internationale du néo-fascisme 3.0, le retrait des accords de Paris sur le climat, le retrait de l’Organisation Mondiale de la Santé, tout cela avec un salut nazi du multimilliardaire Musk. 

Le capitalisme est tellement vorace qu’il a décidé de ne plus s’encombrer avec la démocratie. Au Brésil comme aux États-Unis, les tenants du capital ont contesté le résultat des urnes jusqu’à rentrer dans le Capitole. 

La démocratie est devenue un obstacle et le capital n’hésite plus à soutenir les dérives autoritaires, les coups de force institutionnels. 

La situation politique dans laquelle nous sommes depuis 6 mois est surréaliste, avec un déni de démocratie dangereux, risquant de désespérer le peuple qui s’est mobilisé pour faire barrage à l’Extrême droite.

Macron a dissout l’Assemblée Nationale avec l’objectif, non pas de gagner, mais bien de continuer sa politique aux services du capital, quitte à confier Matignon à Bardella. 

Il n’a jamais eu l’intention de changer de politique, ou de permettre un changement de cap politique. Celui de servir les intérêts des forces de l’argent, en livrant la protection sociale aux intérêts privés et lucratifs, tout en réduisant à néant les conquis sociaux arrachés de haute lutte ouvrière.

Oui, le capital veut aller plus loin, dans son œuvre destructrice : une nouvelle réforme des retraites, avec comme projet final la capitalisation. Continuons au contraire à exiger aux côtés des organisations syndicales l’abrogation de la réforme de 2023. Le gouvernement veut allonger le temps de travail (fin des 35 heures, nouvelle journée de travail gratuit, RSA conditionné) ou encore le statut de la fonction publique…

Macron a perdu, mais sa politique continue. Je l’affirme ici, en démocratie, il n’y a pas de match nul. Soit tu perds, soit tu gagnes. Depuis le 7 juillet, c’est donc un coup de force contre la démocratie, car c’est le NFP qui est arrivé en tête, et c’est lui qui aurait du former un gouvernement et trouver texte par texte, le compromis au parlement. Voilà comment se passe une démocratie. 

Le NFP a donc eu raison de censurer Barnier. 

Si le gouvernement Bayrou a la même durée de vie que les gouvernements Attal voire Barnier et se trouve incapable d’appliquer la feuille de route imposée par les marchés financiers, alors la démission du Président se posera. Et ouvrira vraisemblablement un champ des possibles, mais aussi de lourd danger d’accession de l’extrême droite au plus haute responsabilité. 

C’est à cette aune qu’il faut comprendre l’appel à la responsabilité de l’hôte de l’Elysée …non pas pour sauver les institutions ou répondre à l’urgence sociale et climatique, mais pour sauver sa politique, et en même temps, sa personne. 

Ils sont donc prêts à tout pour poursuivre leur politique, mépriser le Parlement et s’essuyer les pieds sur le vote populaire. 

Nous avons donc une lourde responsabilité : 

Il ne peut advenir une nouvelle société, sans placer en son cœur, une démocratie renouvelée pleine et active, dans la cité comme dans l’entreprise, en reposant la question de la détention des moyens de production pour décider ensemble de comment et quoi produire et consommer en répondant aux besoins humains et aux impératifs de respect de l’environnement. La perspective d’une nouvelle République, est plus que jamais nécessaire et vitale.

L’extrême droitisation, c’est aussi le désespoir alimenté par l’absence d’alternative, je le disais. Quelle est la dernière conquête sociale ? Tous les indicateurs de ce premier quart de siècle font état d’une stagnation voire d’un déclassement pour les travailleurs en France. Nos sociétés sont de plus en plus inégalitaires quand dans le même temps l’argent coule à flot pour les actionnaires. Pour une fois, nous sommes d’accord avec Les Échos puisque nous donnons le même chiffe : 100 milliards de dividendes accordés aux actionnaires du CAC 40. Voilà le résultat de décennies de cure libérale, de la crise Covid 19, de la crise inflationniste et de la guerre. Le CAC 40 ne s’est jamais aussi bien porté.  

Vivre moins bien provoque aussi le repli, la rancœur, la haine de soi et donc des autres, la dégradation et le recul des services publics, de ce qui fait société ont été des facteurs de progression du vote d’extrême droite. 

Il faut donc d’urgence retravailler un projet émancipateur de mise en commun, qui ne peut advenir sans l’unité de notre camp social. 

Vœux de solidarité et d’unité

Je veux formuler avec vous des vœux de solidarité et d’unité. 

Partout dans le monde et en France se lèvent des contestations, des luttes, des espoirs. Une jeunesse se mobilise contre le réchauffement climatique, la guerre, les discriminations ou les violences policières, des agriculteurs se mobilisent contre les traités de libre échanges et pour pouvoir vivre dignement du fruit de leurs travail, les femmes se mobilisent pour l’égalité salariale, contre les violences sexistes et sexuelles et je veux saluer l’incroyable courage de Gisèle Pelicot face à ses bourreaux et sa dignité dans son combat, ou pour renforcer le droit à l’IVG dont nous fêtons les  50 ans,  les travailleurs et travailleuses se mobilisent contre les 300 plans sociaux et la casse de l’outil industriel, des maires mobilisent leurs populations contre la casse des services publics et pour obtenir des moyens pour leurs collectivités et répondre à l’urgence sociale ; des enseignants et parents d’élèves descendent dans la rue comme ici dans le 93 pour exiger un plan d’urgence et permettez moi de saluer la mémoire de Guy Tressalet, de la FSU et camarade de Noisy. 

Chacun à sa place, nous devons œuvrer à souffler sur ses braises et à les unir. 

Permettez-moi un petit instant promo : Depuis une semaine, j’ai l’honneur d’être le rapporteur au Sénat d’une commission d’enquête sur les aides publiques accordées aux grandes entreprises. Je suis certain que nous sommes majoritaires dans le pays pour conditionner ces aides aux grandes entreprises. 

Pendant les six prochains mois, je vais auditionner chercheurs, économistes, politiques, syndicalistes et patrons et j’espère que la commission d’enquête avec une droite majoritaire sera d’accord pour observer la transparence, mais aussi un meilleur contrôle et même des sanctions quand les entreprises licencient, versent des dividendes et touchent des aides publiques. 

Je veux saluer l’engagement particulièrement des  militants syndicaux qui parfois sont arrêtés, pourchassés ou malmenés dans leurs entreprises. Ils et elles sont des combattants et des forces vives sur lesquelles nous devons nous appuyer. 

C’est à un travail d’unité et de solidarité qu’il faut s’atteler. Comment pouvons nous devenir majoritaire dans le peuple français si déjà nous n’arrivons pas à unir le camp du progrès social et écologique ? 

Je l’ai dit à la Fête de l’Humanité. Jaurès aura passé sa vie à unir les forces socialistes de l’époque et croyez-moi, il y avait bien plus de différences entre Guesde et Jaurès qu’il en existe aujourd’hui. 

D’ailleurs les débats de l’époque montrent que nous serions toutes et tous des affreux socio-traitres. 

Mais plus sérieusement, il faut en finir avec le poison de la division, des petites phrases, des stratégies aléatoires qui détournent les Français de nous. Là où le capital divise, il nous faut agir pour l’unité de notre camp social. Des travailleurs qu’ils vivent dans le 93, à Bordeaux, en Creuse ou en Kanaky ont plus d’intérêts convergents entre eux qu’avec ceux qui détiennent le capital, même s’ils n’ont pas la même vie et ne sont pas confrontés aux même soucis du quotidien. 

Mettons nous d’accord sur une feuille en 10 points : des mesures sociales, fiscales, écologiques et démocratiques. Débattons en partout, dans nos quartiers, nos villes, nos villages, nos entreprises. Ecoutons mais surtout proposons un chemin de rupture avec le capitalisme. 

A partir de notre socle, de nos programmes respectifs et en commun, confrontons les, mettons les en débat. Associons largement, citoyens, syndicalistes, associations, hommes et femmes de culture, chercheurs, scientifiques. Ouvrons un chemin d’espoir et de progrès.

Je forme un vœu pour 2025 : Que la Fête de l’Huma qui fêtera sa 90ème édition, cette année, nous inspire toute l’année comme symbole d’ un lieu d’échange, de respect, de partages, de confrontations saines des idées. 

Nos divergences ne doivent pas devenir des fractures irrémédiables. Nos différences ne doivent pas être une faiblesse mais une force si nous les ajoutons. Il faut donc retrouver la force du dialogue, la passion de la politique et de la controverse et non de l’insulte permanente. Laissons nos ennemis, et ils sont déjà assez nombreux et puissants. Et retrouvons notre unité pour changer aujourd’hui et demain radicalement la vie des gens et de notre société. 

Dans ce contexte, le rôle essentiel de la presse indépendante et le groupe l’Humanité 

Sur tous ces sujets, l’Humanité veut apporter sa pierre à l’édifice. Journal communiste, journal des possibles et des alternatives, l’Humanité veut être un facilitateur.

Mais les menaces qui pèsent sur ce monde nous concernent également.

Nous sommes face ici à une entreprise de communication de masse, à l’échelle mondiale, presque sans aucun contrepouvoir, qui va contrôler le monde, les esprits de millions d’abonnés. Une influence rétrograde, réactionnaire qui inonde via les plateformes numériques, la planète. Donald Trump, depuis sa défaite en 2020 et l’attaque du Capitole, déploie une stratégie utilisée par l’extrême droite partout dans le monde. Celle de la vérité alternative. Refuser le réel, favoriser les fakes-news, instrumentaliser chaque fait divers pour jouer sur les peurs, stigmatiser les médias dits traditionnels pour favoriser « la liberté » des réseaux sociaux… 

Musk, homme le plus riche de la planète se voit donc doter d’un rôle désormais politique, tout en restant maitre de X, des algorithmes qui font la pluie et le beau temps sur les réseaux sociaux, tout en diffusant des messages de haine, racistes, sans aucune modération. 

Avec son nouvel outil d’intelligence artificielle GROK, inclus dans X, des « contenus » seront produits à partir des commentaires des utilisateurs et particulièrement des abonnés premium qui paient ou sont récompensés pour leur fidélité au réseau. Voilà une entreprise de désinformation massive. Les autres entreprises technologiques comme Facebook devraient s’aligner sur cette démarche dangereuse. 

Alors que de plus en plus de gens « s’informent » justement via les réseaux sociaux, il est essentiel qu’il y ait une presse avec des informations fiables. D’où cette question cruciale et cette responsabilité qui se pose devant nous : devons nous quitter X et d’autres plateformes de la Tech ? Un mouvement a été lancé hier ‘’HelloquitteX’’ et nous sommes en train de voir comment nous positionner. Doit-on déserter ces réseaux sociaux au risque d’abandonner la bataille idéologique et culturelle ?

Nous avons besoin de vous et c’est le sens de notre appel à souscription que nous lancerons prochainement. Face aux mastodontes, nous devons nous battre pour exister et vous proposer des informations utiles. La vérité a un prix, économique à l’heure où les coûts de fonctionnement continuent d’augmenter. Un prix social et culturel puisque nos engagements nous valent aussi des menaces, des intimidations, des plaintes (4 l’an dernier). Nous nous battons également pour créer une taxe sur les revenus publicitaires afin de financer le secteur de la presse.

Je veux rappeler modestement notre rôle en 2024.

Notre journal a pleinement joué son rôle que ce soit pour l’actualité politique française chargée et inédite notamment depuis la dissolution en juin dernier, ou bien pour l’actualité internationale dramatique, avec bien sûr et toujours le conflit en Ukraine, et la situation en Israël/Palestine/Liban/Syrie, entres autres. 

Notre journal porte les combats sociaux, des usines menacées de fermeture à ceux des travailleurs du secteur social, du secteur médical, des sans-papiers. 

Nous avons également réussi de ‘’beaux coups’’ avec la diffusion du programme du Nouveau Front populaire, édité par l’Humanité et distribué lors des manifestations en avant-première. Nos révélations des collusions des forces de l’argent avec l’extrême droite, révélées par le projet du magnat Stérin, ont été également un moment fort.

Je rappelle également que notre journal avec d’autres médias indépendants, notamment Médiapart a été à l’initiative de 2 rassemblements Place de la République en juin dernier, pour dénoncer l’arrivée possible de l’extrême droite au pouvoir. Tout ceci conforte une place et un rôle particulier à l’Humanité. 

Après une année dense où nous avons célébré les 120 ans de notre journal, je veux rappeler cette démarche importante. En plus du soutien financier, la bataille de l’abonnement est fondamentale. Même si notre groupe s’est déployé sur le numérique, a lancé son émission mensuelle (la prochaine étant mercredi prochain avec Ian Brossat en invité politique), la lecture est fondamentale. Elle fait partie du geste militant. Je vous invite à lire, à vous informer par nos contenus mais aussi par les livres, productions diverses pour comprendre le monde, s’interroger sur le monde. 

Nous avons progressé en abonnés, dépassant aujourd’hui les 40 000, une première depuis 6 ans. Par le soutien militant, nous voulons renforcer avec les CDH, les sociétés de lecteurs, les Amis de l’Huma, nous avons besoin de mener la bataille d’idées sur une information fiable, indépendante, au service des intérêts populaires. 


A présent, l’enjeu le plus important et le plus complexe va être de réussir à passer l’année 2025, qui, nous l’avions anticipé, s’annonce difficile, du fait d’un effet ciseau, c’est-à-dire une diminution des produits et une augmentation des charges. 

Ceci explique pourquoi nous avons été contraints d’augmenter les tarifs de l’édition quotidienne, du magazine (qui verra sa maquette renouvelée d’ici quelques semaines) et des différentes formules d’abonnement. Nous allons aussi augmenter les tarifs de la Fête que cela soit pour le bon de soutien que pour les places de camping et de parking.

Tout ceci ne se fait pas de gaieté de cœur mais est indispensable pour passer 2025, poursuivre nos projets de développement, le tout sur la surveillance étroite, je le rappelle, du Tribunal de commerce jusqu’en 2031. 

Pour autant, nous allons, j’en suis certain réussir une belle Fête de l’Humanité et être une nouvelle fois au rendez-vous pour marquer le débat public.

Je veux ici, devant vous, remercier toutes les équipes de l’Humanité, pour leur travail au quotidien, pour leur professionnalisme, qui permettent de relever les défis auxquels nous devons faire face. 

Un grand merci à chacun.e entre vous, que cela soit le plateau administratif placé sous la houlette du Secrétaire général Anthony Daguet et de la Directrice des Ressources Humaines, Sévérine Peter, et bien sur toute la rédaction, brillamment conduite par nos deux co-directeur/trice, Sébastien Crépel et Maud Vergnol. 

Un grand merci également aux équipes de Comédiance, notre régie publicitaire. 

Comme vous le savez, nous sommes une petite équipe de 160 personnes, pour sortir un quotidien, un magazine, des hors-séries, produire du contenu vidéo et pour faire tourner plus généralement la boutique. Cela suppose donc beaucoup de travail en flux tendu, en sous-effectif, rendant les choses difficiles. 

Je sais aussi combien chacun et chacune d’entre vous a à cœur de voir survivre, de voir se développer ce journal historique pas comme les autres, dans un contexte où le pluralisme de la presse est de plus en plus menacé. Avec La Croix, nous sommes le seul quotidien national qui n’a pas pour propriétaires ou actionnaires des milliardaires.

Aujourd’hui, 93% des exemplaires de quotidiens nationaux vendus chaque jour dans leur version papier appartiennent directement ou partiellement à une poignée d’ultra-riches, tels que Bernard Arnault, la famille Dassault, Xavier Niel ou encore Patrick Drahi. Au-delà des quotidiens nationaux, c’est bien l’ensemble des médias (TV, radios) qui sont sous la coupe de milliardaires, tels que Bolloré, Kretinsky, Saadé, Bouygues.

Pour terminer, je veux dire que l’Humanité est votre journal à toutes et tous, que nous poursuivons humblement l’héritage de Jaurès pour gagner la bataille idéologique et culturelle. Nous sommes à un point de bascule et notre responsabilité à toutes et tous, responsables politiques, syndicaux, associatifs, citoyennes et citoyennes, est immense.

Se posera la question à terme d’une parution de l’Humanité le dimanche afin que nous occupions également l’espace aux côtés du parisien, du JDD. De même, se pose la question d’une TV, d’un média de gauche pour concurrencer les médias actuels et leurs discours loin de nos valeurs progressistes.

Vous le voyez, nous avons encore plein de projets pour les années à venir !

Victor Hugo disait en 1848 : « La liberté de la presse à côté du suffrage universel, c’est la pensée de tous éclairant le gouvernement de tous. Attenter à l’une, c’est attenter à l’autre. »  

Je vous renouvelle tous mes vœux et vous invite à présent à lever le verre de l’amitié. 

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