En fonction depuis 15 mois, le Président Macron répondait en septembre 2018, à un jeune homme à la recherche d’un emploi, cette petite phrase devenue culte « je traverse la rue, je vous en trouve du travail »
Cette scène a marqué le début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Un Président, hors sol, coupé des réalités quotidiennes et méprisant.
Du haut de sa pensée jupitérienne, le Président estimait, estime encore aujourd’hui, que le chômage n’est pas un problème structurel et collectif, mais un problème individuel. « Celui qui veut, peut ! »
Cette conception s’inscrit dans une longue lignée de charges répétées contre les chômeurs, considérés comme des fainéants, des profiteurs du système, qui manquent d’ambition et ne rêvent pas de « se payer des beaux costards », pour reprendre là aussi, une phrase présidentielle.
La culpabilisation et la stigmatisation des demandeurs d’emplois comme boussoles pour faire une politique de l’emploi !
Mais au-delà, 7 ans et un nouveau quinquennat plus tard, la promesse du retour au plein-emploi semble s’éloigner et tomber dans les oubliettes de l’histoire. Le bilan du Président est catastrophique. Selon les chiffres publiés le 27 janvier 2025 par la direction des statistiques (DARES) du Ministère du travail, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail a connu une hausse importante au quatrième trimestre 2024.
Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité (catégorie A) inscrits à France Travail a augmenté de 3,9 % au quatrième trimestre par rapport au troisième trimestre, la plus forte remontée du chômage en France (hors Mayotte) en une décennie en dehors de la crise du Covid. Cette hausse représente + 8,5 % chez les moins de 25 ans, catégorie déjà largement touchée.
Au total, le nombre de chômeurs de catégorie A atteint 3,138 millions au 4e trimestre, soit 117.000 chômeurs de plus sur un trimestre.
Et la situation risque de ne pas s’améliorer puisque les principaux organismes économiques s’attendent à une hausse du chômage en 2025 en France.
Alors à qui la faute ? Pour le Medef, le coupable est tout trouvé ! C’est la faute au coût du travail…. qui, selon la rengaine habituelle des patrons, freinerait la compétitivité. Un bien bel argument pour refuser toute augmentation de salaire, alors que la précarité ne cesse de progresser partout dans le pays.
Dans un pays champion du monde des exonérations de cotisations patronales, des aides publiques versées aux grandes entreprises sans contrepartie, des dividendes qui ruissellent sur les actionnaires, c’est d’une hypocrisie totale !
En 2024, plus de 300 plans sociaux ont été dénombrés par la CGT, dans tous les secteurs, désindustrialisant les territoires. Plus de 300 000 emplois sont menacés ou été supprimés. Une véritable hécatombe sociale et économique.
Les différentes réformes de l’assurance chômage des dernières années, ont durci les critères d’indemnisation des chômeurs, en augmentant le nombre d’heures travaillées nécessaires et en réduisant la durée d’indemnisation. Résultat, moins d’un chômeur sur deux est aujourd’hui indemnisé. La précarisation est institutionnalisée.
Cette situation n’est donc pas juste conjoncturelle mais bien la conséquence de choix politiques libéraux menés depuis des années.
Le budget 2025 ne prend pas le contre-pied de ces politiques, au contraire. La mission ‘’Travail’’ est l’une des plus impactées par ‘’l’effort budgétaire’’ demandé, avec une baisse de plus de 2 milliards d’euros, ce qui va donc se traduire par moins de moyens pour les politiques de soutien à l’emploi ou encore la suppression de 500 de postes à France Travail.
Si l’on met au chômage les conseillers de France Travail censés accompagner les chômeurs, la situation de l’emploi des jeunes, des seniors et des personnes qui en sont le plus éloignées, n’est pas prête de s’améliorer… même si elles traversent la rue.