Un salon pour rien

6 Mar 2025

Le Salon de l’agriculture vient de s’achever. Celui de l’an dernier avait été marqué par des tensions vives et la colère paysanne. Si l’édition 2025 apparaît plus apaisée, rien n’est réglé pour autant. Malgré la loi Egalim, les prix restent bien trop bas pour garantir des revenus permettant aux agriculteurs de vivre dignement. De même, selon l’Insee, la valeur de la production agricole française a reculé de 7,5 % en 2024.

Alors qu’Emmanuel Macron insiste sur la nécessité de protéger les agricultures française et européenne face aux menaces extérieures, notamment les tensions commerciales avec les États-Unis ou la Chine, la situation est catastrophique. La loi d’orientation agricole, récemment adoptée par le Parlement, se situe à l’opposé des enjeux actuels et ne répond en rien aux préoccupations d’aujourd’hui et de demain. Ce n’est pas en niant la réalité climatique que nous avancerons.

Depuis des années, ces femmes et ces hommes souffrent avant tout de ne pas pouvoir vivre de leur travail. La rémunération est indécente et rien n’a été mis en place pour garantir des prix de base. La bataille régulièrement menée par les producteurs de lait pour obtenir une revalorisation du prix du litre est symptomatique d’un système à bout de souffle.

Le modèle agricole actuel est celui d’un productivisme à outrance, de l’intensification de la production qui étrangle les agriculteurs et agricultrices et détruit notre planète. Ce modèle est dominé par les industries agroalimentaires, mastodontes de l’agrobusiness qui écrasent les petits producteurs. Comment s’étonner dès lors du taux de suicides agricoles, 20 % plus élevé que dans le reste de la population, de la souffrance vécue, des conséquences sur leur santé, tant physique que mentale ?

D’ici à dix ans, un tiers des actifs agriculteurs va partir à la retraite. Mais, dans de telles conditions, quel jeune peut avoir envie de faire ce métier et vivre dans la précarité ? Les différents traités de libre-échange sont en train de tuer notre agriculture et sans les agriculteurs, notre souveraineté alimentaire est en danger. Autrefois grande nation agricole, notre pays importe désormais énormément alors qu’il aurait pourtant encore les moyens d’assurer sa subsistance, en équilibrant davantage les exportations et les importations.

Nous devons pouvoir, par notre production, offrir à chacun le droit à une alimentation saine et de qualité, à un prix qui garantisse une juste rémunération de celles et ceux qui la produisent et un prix abordable pour le consommateur. Ce n’est pas l’un ou l’autre mais, au contraire, c’est bien de l’un que dépendra l’autre. Le rôle et la responsabilité de la grande distribution sont à ce titre fondamentaux et elle doit contribuer à revoir ses marges financières : c’est la seule issue possible.

Mais il est impératif d’en finir avec le productivisme et le capitalisme, qui ont recours à outrance aux produits phytosanitaires et autres pesticides qui empoisonnent nos assiettes et notre écosystème, qui sont antagonistes d’un modèle respectueux de l’environnement. Il est urgent de promouvoir un autre modèle qui n’aggrave pas le dérèglement climatique et garantisse le développement de la biodiversité.

Enfin, il faut revoir le système d’aides européennes (PAC), inégalitaire et inefficace, et faciliter l’accès au foncier agricole et à l’installation. Toutes ces pistes, pour l’ensemble des filières, qu’elles soient animales ou végétales, sont à mettre en œuvre pour sauver le monde rural, pour préserver notre santé, la biodiversité et le climat. Une transition agroécologique est indispensable pour la survie de l’humanité.

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