Lutte contre le VIH : la nouvelle cible de Trump

29 Avr 2025

Il n’aura fallu que quelques secondes à Donald Trump pour mettre un coup d’arrêt à 20 ans de lutte internationale contre le VIH. En suspendant les financements de l’USaid, agence d’aide au développement, le plan Pepfar (Plan d’Urgence Présidentiel de Lutte contre le SIDA) programme pilier de la lutte contre le sida dans plus de 50 pays, est réduit à néant. Mise en place en 2003, cette structure joue un rôle absolument crucial puisqu’elle permet à 20 millions de personnes séropositives dans le monde de recevoir des traitements. 

Comme à son habitude depuis le début de son second mandat, le Président états-unien a pris une décision brutale et unilatérale, aux répercussions mondiales qui bouleverse ici l’équilibre de l’aide internationale.  D’un coup, Trump a considéré que le financement de projets de prévention, de soins et de recherche sur tous les continents  « ne relèvent plus de l’intérêt national des Etats-Unis ». Début mars, pour défendre cette suppression de programmes d’aides américaines à l’étranger, Trump avait pris l’exemple de ceux destinés au Lesotho, qu’il avait qualifié de pays dont « personne n’a jamais entendu parler »

Partout, les conséquences de cette réorientation stratégique de l’administration américaine, dans une vision étriquée et protectionniste, sont immédiates. Des cliniques ferment, des soignantes et soignants sont licenciés, des essais cliniques et des traitements sont stoppés. 

À eux seuls, les États-Unis finançaient 42% de l’aide humanitaire mondiale, essentiellement destinée aux pays pauvres ou en développement. Sur les 630 000 décès liés au virus du VIH en 2023, 60% ont été recensés en Afrique. En Ukraine, où le système de santé est déjà fortement fragilisé par plus de trois années de guerre, c’est un important programme d’accès au dépistage du VIH et aux soins qui est interrompu.

Ce désengagement risque d’entrainer des millions de cas supplémentaires et plus de 6 millions de décès supplémentaires d’ici 2029, selon l’ONU Sida. Cette décision met en danger des millions de patients en majorité dans les pays du sud.

L’arrivée du Lénacapavir, traitement injectable tous les six mois, suscitait beaucoup d’espoirs. Mais avec 44 000 dollars la dose aux États-Unis, son accès en Afrique dépendait des financements publics. Depuis, en France, l’ANRS MIE fait face à une explosion des demandes de financement mais ne pourra compenser le retrait des Etats-Unis, d’autant que le budget de l’aide publique au développement a été réduit de 740 millions d’euros en 2025.

Alors que l’objectif était de mettre un terme à l’épidémie d’ici 5 ans, cette nouvelle lubie du Président états-unien joue avec la vie de nombreux malades, niant toute solidarité internationale, le tout s’inscrivant dans un contexte anti-sciences, remettant en cause tout progrès pour l’humanité. 

Un choix qui vise une nouvelle fois à promouvoir le chaos. Et ce choix n’est pas totalement anodin quand on sait que les populations les plus exposées dans l’infection au VIH sont les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, les personnes transgenres, les migrants.. Bref, toutes ces minorités que Trump exècre et cherche à supprimer, dores et déjà dans les mots en interdisant leur utilisation dans les programmes de recherche scientifiques. 

La lutte contre le VIH était devenue au fil des ans un modèle de coopération internationale exemplaire, qui avait fait la démonstration que la lutte contre les grandes épidémies ne peut pas être gagnée pays par pays. Trump vient d’enclencher une catastrophe sanitaire, en oubliant que le VIH n’a pas de frontières..

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