Ce jeudi, j’ai voté contre le projet de loi de finances pour 2025, qui restera dans les archives comme le budget le plus injuste et anti-démocratique qu’ait connu la Vème République.
Un vote à marche forcée
Dans un système politique respectueux du débat parlementaire, la censure du gouvernement Barnier aurait dû conduire à la présentation d’un nouveau projet de loi de Finances, avec des orientations budgétaires revues pour répondre à l’urgence sociale. Mais, Emmanuel Macron et ses partisans n’en sont plus à un coup de force près.
Le nouveau gouvernement de François Bayrou a imposé la reprise des votes sur le même texte, épaulé docilement par la droite sénatoriale. En bref, après avoir refusé d’aller chercher les recettes nécessaires au bon fonctionnement du pays, notamment via une taxe sur les superprofits, le gouvernement a fait voter une réduction des dépenses inédite, à hauteur de 6,3 milliards d’euros.
La copie finale de cette énième cure d’austérité appartiendra à une commission mixte paritaire, soustrayant toute la seconde partie du projet de loi de Finances au vote de l’Assemblée Nationale.
Une saignée budgétaire
La semaine a débuté par un rabot irresponsable de 180 milliards au Chèque Energie, un dispositif qui s’adresse aux ménages les plus précaires ; c’est pourquoi j’ai déposé une question écrite pour demander la révision de cette décision lors de la commission mixte paritaire.
Puis, je me suis opposé à la baisse alarmante du financement du Contrôleur général des lieux de privation de liberté, en charge d’assurer le respect des droits fondamentaux des personnes privées de liberté, et au refus de création de postes pour la Cour Nationale du Droit d’Asile, dont l’activité n’a de cesse d’augmenter.
Plus généralement, des baisses sont à constater pour l’ensemble de nos collectivités territoriales et nos services publics, qui sont pourtant en première ligne pour répondre aux besoins de la population. Education, santé, transition écologique, politique de la Ville … aucun secteur de l’action publique n’est épargné par cette saignée budgétaire.
Un risque pour la démocratie
La situation est alarmante, car la menace de l’extrême droite grandit à mesure que progresse l’injustice sociale et que reculent nos services publics.
Comme je le rappelai en hémicycle, l’actualité nous démontre que les grands capitalistes ont choisi leur camp, et sont prêts à tout, même au pire, pour continuer d’accroître leurs profits : finit la social-démocratie, et en route vers une grande alliance des fascistes 3.0 !
Il nous faudra redoubler de force pour lutter contre le retour de cette idéologie mortifère et défendre un système démocratique, progressiste et égalitaire. Cela nous impose de revoir nos orientations budgétaires, notamment concernant les aides aux grands groupes, qui engrangent cette année un record de dividendes indécent, alors que les plans de licenciement se multiplient et que la précarité augmente.
Commission d’enquête
En parallèle du projet de loi de finances, nous avons nommé Monsieur Olivier Rietmann président de la commission d’enquête, dont je suis rapporteur, qui porte sur l’utilisation des aides publiques par les grandes entreprises et leurs sous-traitants.
Il s’agira donc pour nous d’établir, dans les prochains mois, un recensement objectif de l’ensemble des aides directes et indirectes allouées aux grandes entreprises, en s’interrogeant sur leur justification, leur suivi et leurs effets.
Partant de ce bilan, nous réfléchirons collectivement aux garanties auxquelles doivent être conditionnées ces fonds publics, afin de s’assurer de leur bonne utilisation par le secteur privé.