C’est devenu une habitude, une mauvaise habitude à laquelle nous nous sommes accoutumés. Nous ne réagissons peu, ou si peu, face aux événements caniculaires qui nous frappent. Les messages de prévention pour éviter les déshydratations sont désormais monnaie courante mais cela ne suffit plus. La canicule est trop acceptée comme un moment normal, tout comme les pluies diluviennes, les méga-feux ou les ouragans…les catastrophes climatiques deviennent banales. C’est pourtant le symptôme d’un réchauffement climatique inquiétant qui s’accélère.
S’il y a des pics de chaleur extrêmes qui apparaitront désormais chaque été pour quelques jours, nous n’avons pas encore senti le dôme de chaleur comme l’ont vécu les Canadiens l’an dernier avec un arrêt de l’activité économique et une cinquantaine de morts. Une partie du territoire national connaît en ce moment un épisode « d’effet de plume » avec un pic de chaleur ponctuel mais extrême.
Les effets d’une chaleur sont déjà eux bien présents. Surtout, nos étés et les autres saisons sont globalement plus chaudes, ce qui va impacter l’ensemble des activités humaines. Le problème de l’eau et des nappes phréatiques, insuffisamment alimentées par l’absence de pluies, va poser en cascade celui de notre production agricole et donc de notre alimentation, nos manières de produire et de consommer, y compris pour nos vacances. Nos surfaces forestières sont sous la menace d’incendies, notamment dans le sud de la France. Tout cela impacte la biodiversité également et nous menace donc à moyen terme.
Nous assistons à un petit changement d’état d’esprit puisque pour la première fois, il est posé l’enjeu de banaliser, dans les médias notamment, ces épisodes caniculaires comme autant d’occasion de profiter du beau temps, de sortir en terrasse ou en bord de mer. Le travail est fortement impacté, la vie de nos enfants et de nos aînés est placée sous vigilance, nos déplacements et les grands événements doivent être remisés. C’est sans compter que nos services hospitaliers sont déjà en difficulté. La vie n’est déjà plus tout à fait normale surtout dans les tissus urbains denses où la faible présence végétale (on parle de villes « minérales ») sont des amplificateurs de chaleur.
Il va falloir s’adapter et prendre conscience que ces épisodes récurrents arrivent plus tôt que ne l’annonçaient les prévisions des différents organismes internationaux. Rappelons que nous ne sommes pas encore en été… Mais ces adaptations ne peuvent être le seul fait de comportements individuels.
Le réchauffement climatique, conséquence du développement des émissions de gaz à effet de serre se développe de manière toujours plus menaçante pour l’humanité. Notre adaptation doit donc devenir un changement de logique de nos sociétés, des finalités de nos productions et de nos modes de vies pour limiter les impacts du changement environnemental et permettre d’assurer des conditions de vie décente pour les humains et le reste du vivant. Les travailleurs·ses les plus exposés doivent être soutenus et protégés. On ne peut transiger avec la santé au travail.
La proposition gouvernementale de lancement d’un plan renaturation pour créer des ilots de fraicheur dans les villes par la végétalisation de nombreux espaces est salutaire. Il faut créer des ilots de fraicheur, remettre de la végétation qui est un levier pour faire baisser les températures. Mais si on ne peut tout résoudre à l’enjeu financier, l’investissement de 500 millions d’euros est trop faible d’autant plus que les collectivités locales qui sont déjà engagées dans de telles démarches le font avec moyens à la baisse. C’est à une planification écologique qu’il faut œuvrer. Le candidat du second tour présidentiel Emmanuel Macron avait fait sien cet objectif. Mais nous n’oublions pas qu’il a été condamné pour inaction climatique. La meilleure garantie d’agir pour le climat reste la mobilisation et une majorité parlementaire de gauche à l’Assemblée nationale.