Alors que nos regards se tournent avec légèreté vers la coupe du monde de football au Qatar, un autre événement mondial se déroule actuellement à Montréal. Cette COP 15 consacrée à la biodiversité est d’une importance primordiale pour notre avenir. Des mesures rapides mais également structurelles doivent en effet être prises. L’effondrement de la biodiversité, consécutif au réchauffement climatique, nous menace littéralement.
Les chiffres sont édifiants : 1 million d’espèces animales et végétales sont menacées dans les prochaines décennies (dont 41 000 actuellement), avec 40% de perte de biodiversité déjà enregistrée. Cela nous amène à parler d’une sixième extinction de masse beaucoup plus rapide que les précédentes puisqu’elle se déroule sur plusieurs décennies. Dans une logique utilitariste, tout cela vient percuter nos modes de vies et menace notre existence même. En effet, ces animaux et végétaux qui disparaissent, en plus d’être des éléments de nos chaines alimentaires, sont vitaux pour la captation du carbone, l’humidification et le cycle de l’eau, la pollinisation des fleurs et autres plantes. Ce sont ces événements majeurs qui devraient être des priorités politiques fondamentales.
Pourtant, à la différence de la COP27 sur le climat, aucun grand chef d’Etat ne s’est déplacé. Si nous pouvons changer nos gestes et être plus respectueux de la nature, ce sont des bouleversements systémiques qu’il faut adopter.
Nous ne pouvons plus considérer la nature comme une ressource infinie et en avoir une conception utilitariste. Il faut la préserver et permettre le maintien et le développement des espèces car la planète que nous partageons avec eux leur appartient également. Le plus grand espace naturel que sont les océans et les mers en est le symbole. En plus de la surpêche, le réchauffement climatique acidifie ces espaces, provoquant la montée des eaux et menaçant la captation du carbone. Les Etats s’engagent à protéger 30% des aires marines sans qu’on ne sache comment ce chiffre a été fixé. Il faut protéger les grands fonds et sécuriser ces lieux de biodiversité et en faire des lieux d’étude pour mieux connaitre nos écosystèmes.
Plus largement, il faut changer radicalement de logiciel sur notre rapport à la nature. Cela impose de changer de système. Pour notre humanité construite dans de nouveaux rapports au vivant, faisons du développement de la biodiversité un objectif de civilisation. Cela impose de revoir nos manières de produire et de consommer. Cela implique de placer toutes nos orientations à l’aune de ces critères environnementaux et d’assurer un autre usage des ressources entre les peuples mais aussi en corrélation avec les autres espèces.
Des premières avancées vont dans le bon sens comme végétaliser nos villes, donner une place à l’animal dans les aires urbaines notamment, allier agriculture et ambition écologique (via l’agroécologie, la baisse de la consommation de viande). Travailler demain à recycler nos déchets organiques peut également devenir une démarche non seulement utile et bénéfique pour la nature.
Ces changements profonds ne peuvent assurément se déployer dans un monde capitaliste où la logique du profit prévaut sur tout. Après cette COP, la conscientisation et la mobilisation populaire doivent être des défis pour atteindre ces objectifs urgents et vitaux d’une biodiversité préservée.