Discours Inauguration Fête de l’Humanité 2024

18 Sep 2024

Seul le discours prononcé fait foi ⤵️


Son excellence, la représentante de la mission diplomatique de Palestine en France Mme Hala Abou Hassira,

Monsieur le secrétaire national du PCF, cher Fabien Roussel,

Madame la présidente du groupe CRCE-K au Sénat chère Cecile Cukierman,

Mesdames et Messieurs les députés des Ecologistes, de la France Insoumise, du Parti socialiste

Cher-e-s élus de la Métropole du Grand Paris

Mesdames et Messieurs les maires, conseillers départementaux de ce beau département de l’Essonne, de l’agglomération de Cœur d’Essonne

Mesdames et Messieurs les responsables syndicaux, d’associations,

Cher·e·s ami·e·s, chers camarades,

C’est avec un immense plaisir que nous inaugurons cette 89ème édition de la Fête de l’Humanité, pour cette année 2024 où notre journal célèbre ses 120 ans.

Cette Fête est une bulle d’air dans un monde tourmenté, un moment suspendu, de fraternité, de solidarité et de paix dans le tumulte de cette société, dominée par le capitalisme qui épuise le vivant et la nature.

C’est vrai, mais il s’organise partout des espaces de résistance, de luttes, des victoires arrachés aux tenants du capital qui permettent une vie meilleure. Il y a aussi les progrès humains et scientifiques, qui, s’ils sont mis au service du changement et du plus grand nombre sont porteurs d’espoirs pour les peuples du monde.

Vous le savez peut-être, des éminents chercheurs travaillant sur l’espace ont découvert des traces d’eau dans la croûte martienne. Les quantités y seraient gigantesques, même si, pour l’instant, il paraît difficile d’y accéder. La présence de l’eau sur Mars serait saisonnière, a priori salée, mais on ne sait pas encore d’où elle provient. Du sol ou de la pression atmosphérique ? Des études doivent encore être poussées pour savoir si la vie y serait possible ou a déjà existé.

Mais Elon Musk, lui envisage déjà d’y envoyer sa fusée Space X dans deux ans. Et dans quatre ans, les premiers vols habités. Et ensuite de construire une ville. On ne sait pas encore si cela est réalisable, car Mars et la Terre n’ont pas la même orbite et évoluent à des vitesses différentes. Il faut donc attendre tous les deux ans, pour optimiser le voyage, qui durerait tout de même 6 à 8 mois.

Voici le vrai visage des milliardaires. Après avoir épuisé la planète Terre et les vivants, ils réfléchissent déjà à leurs futurs profits dans l’espace.

Il est donc urgent de réviser le traité de l’espace de 1967 qui régit les grandes activités de la communauté internationale en y incluant nommément la planète mars et en interdisant formellement l’exploitation des ressources sur place aux profits d’entreprises privés.

Chers amis, chers camarades,

Si évidemment la recherche spatiale est une chose formidable et ouvre le champ de connaissances, nous perdons chaque jour des milliers de litres d’eau sur Terre. Et je ne parle pas ici de l’eau mal utilisée, fuyant de canalisations mal entretenues. Non, il s’agit de l’eau douce qui s’évapore de plus en plus en raison du réchauffement climatique. Sa qualité se dégrade également en raison de la pollution des sols, menaçant la biodiversité et notre alimentation puisque le vivant est dégradé.

L’eau, facteur de crise là où des pays, des régions entières connaissent des situations de stress hydrique inédites. Que ce soit au Maghreb, dans les Pyrénées-Orientales, dans la Corde de l’Afrique, la pluie devient une denrée rare, et l’Europe ne disposera plus de glacier à la fin de ce siècle.

Les cycles de l’eau se dérèglent, entrainant des effets en cascade. C’est une question existentielle et je n’ai pas besoin de vous informer de son caractère vital.

C’est notre activité humaine, nos modes de production qui en sont les causes évidentes. Alors qu’il entretien le mythe d’une ressource infinie, le système capitaliste détruit ce qui est vital. L’eau douce, dans une planète composée à 70% d’eau, ne représente que 2,5% de ce volume global.

Autre ravage du capitalisme, c’est désormais l’air qui engendre 40 000 décès par an en France liés à des maladies respiratoires. Dans les métropoles du monde les plus pauvres, il n’est pas rare que les gens soient cloitrés chez eux plusieurs jours pour éviter de respirer un air saturé de gaz à effet de serre. En plus du déni démocratique, le déni climatique se renforce avec les climato-sceptiques qui sont, en réalité, au service ducapital. Pourtant la lutte contre le réchauffement climatique doit être une priorité absolue au risque de ne plus pouvoir vivre sur cette planète. Nous avons encore subi cette année des catastrophes climatiques.

Malgré un été en trompe l’œil pour la France, il a été constaté une période  caniculaire dans l’Hémisphère Nord, et la Méditerranée est la région qui se réchauffe le plus vite au monde. Plus que les inepties racistes du Grand remplacement, c’est le Grand Réchauffement qui  nous menace.

Des efforts réels sont faits, les émissions de gaz à effet de serre étant à la baisse en France  mais ceci reste largement insuffisant pour répondre au défi climatique. J’ai une pensée pour les habitants et habitantes du Nord et du Pas- de Calais qui ont subi de graves inondations et coulées de boue à . Des milliers de personnes ont vu Leurs vies quotidiennes bousculées,  ont parfois tout perdu, et elles pourraient être les premières réfugiés climatiques de France, en métropole.

Allons nous encore, année après année, contempler le déchainement de la nature et ses effets dévastateurs ou agir pour permettre à chacun de continuer à vivre sur cette planète ?  

Parmi les 100 millions de réfugiés à l’horizon 2050, au moins la moitié le sera pour des raisons climatiques, qui se combinent aux guerres pour les ressources, mais aussi à la misère et aux famines.

La pollution est au cœur d’une mécanique de production, mortifère pour nos conditions de vie et de travail, par exemple, dans le domaine agricole, la dégradation des sols et des nappes phréatiques impacte  déjà notre alimentation maisaussi avec l’utilisation par certaines industries de PFAS, des polluants dits éternels.

A la fin, notre santé est lourdement impactée, les cancers se développent de plus en plus jeune.

Chaque dixième de degré supplémentaire engendre des dérèglements irréversibles, menaçant notre capacité à bien vivre. Chaque jour d’été a dépassé un record de chaleur, faisant de 2024 l’année la plus chaude jamais enregistrée avant la prochaine.

Car, oui, il est possible de vivre à +2, +3 voire 4 degrés comme certains l’imaginent au sommet de l’Etat pour la France. Mais dans quelles conditions ? Celle de subir des aléas imprévisibles, des événements extrêmes, des menaces pour notre sécurité alimentaire, et laissent des pans entiers de la Terre, invivable pour l’humain et l’ensemble du vivant.

Ce monde que nous préparent les capitalistes, sera structuré par l’instabilité permanente, les affrontements guerriers pour l’accaparement des ressources. Nous en voyons les prémices avec les tensions sociales et internationales déjà à l’œuvre.

Ce scénario sombre s’écrira logiquement tant que le capitalisme conduira les affaires du monde et s’affranchira des gardes fous conquis au terme de puissantes mobilisations populaires. Ce capitalisme qui repose sur l’aliénation et une course effrénée au profit au bénéfice d’une petite minorité, est aux antipodes du projet  que nous portons, d’émancipation humaine au service de l’intérêt du plus grand nombre.

Ce capitalisme, financiarisé et mondialisé, n’a jamais été aussi inégalitaire. En 25 ans, 10 points ont été transférés du travail à la rémunération du capital non productif. Le capitalisme débridé permet que plus de 1000 milliards de dollars, fruit du labeur des travailleurs et des travailleuses, soient versés en dividendes.

Alors, lorsque l’on dit que l’on veut changer ce système, on nous dit que nous sommes des utopistes.

Mais ce sont les tenants de ce même système, ceux qui pensent que le capitalisme est la fin de l’histoire, qui sont des utopistes , s’ils pensent que les peuples vont continuer longtemps à subir les effets dévastateurs de leur modèle néfaste.

Nous leur lançons dont cet avertissement.

Les peuples ont renversé le féodalisme que l’on disait éternel, puis la monarchie qui était de droit divin, alors, oui, nous le redisons, ici en ouverture de cette Fête : Le temps est venu d’une nouvelle société, d’un monde de coopération et non de mise en compétition, d’un monde où l’on ne s’accapare plus pour soi et une minorité, mais un monde de mise en commun des ressources, des richesses et des pouvoirs, un monde où chaque travailleur et travailleuse est maître de son travail et des richesses créées, en s’appropriant les moyens de production, un monde où la démocratie renouvelée est au centre de chaque décision. Ce but est une construction vivante. Et pour notre part, nous nommons ce dépassement du capitalisme le communisme.

Chers amis, chers camarades,

Notre projet impose que nous placions la démocratie en son centre pour éviter les erreurs et crimes du soviétisme, à contre-courant du capitalisme, qui s’accommode des régimes autoritaires et dictatoriaux partout dans le monde.

Il ne peut avoir de projet émancipateur pour les peuples, sans prise de décision collective pour y parvenir.

Ce que nous vivons en France depuis plusieurs semaines est à cet effet inquiétant. Nous sommes face à un pouvoir qui s’embourbe dans une dérive autoritaire et ultralibérale.

Le Président Macron a gagné par 2 fois face à la candidate du RN, avec des voix de la gauche refusant de céder le pouvoir à la fasciste de Montretout.

En 2022, réélu, il avait pourtant promis qu’il avait compris le message. Alors qu’il n’avait qu’une majorité relative, il a imposé contre l’avis de 93% des actifs, une réforme des retraites inique, en , piétinant le Parlement,  en jouant avec la Constitution pour passer en force malgré une mobilisation syndicale et populaire de grande ampleur.

Je veux d’ailleurs saluer la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, l’administrateur général de la CGT, Laurent Brun qui seront dès demain et tout le weekend avec nous.

Nous le redisons ici : Macron n’a toujours pas de majorité d’idées dans le pays, ni à l’Assemblée Nationale, pour contraindre les salariés à donner deux ans de vie de plus au travail. Nous continuons à exiger l’abrogation, et non un aménagement, de la réforme des retraites, et dire que notre projet, c’est bien la retraite à 60 ans pour chacune et chacun.

Chers amis, chers camarades,

La lente dérive autoritaire ne s’arrête pas là.

Toute critique, toute contestation est criminalisée, discréditée sans débat. Les médias poubelles de Bolloré font leur job. Mais c’est une lame de fond plus grave : les voix des lanceurs d’alerte, dans les entreprises, dans les territoires sont étouffées, les mobilisations réprimées, les militants criminalisés. Les militants écologistes sont traités d’éco-terroristes, les soutiens sincères à la paix sont traités d’amis des terroristes. Les militantes féministes sont caricaturées. Des parlementaires convoqués au commissariat, plus de mille syndicalistes, essentiellement de la CGT, poursuivis. Et c’est sans parler des réunions publiques interdites ou menacées par des groupuscules fascistes.

La démocratie vacille quand le peuple ne peut plus aller dans la rue, que toute contradiction est marginalisée, caricaturée à l’excès dans le but de la rendre inaudible, et quand le débat se résume à des nuances de libéralisme..

Nous le redisons donc ici avec force : nous demandons l’arrêt des poursuites contre tous les militants syndicaux et sommes solidaires de toutes celles et ceux qui luttent dans les entreprises, pour l’eau et le climat, pour la paix entre les peuples ; jamais nous ne laisserons le poison de la division s’installer, au risque d’être tous emportés.

Je sais que parfois, nous ne sommes pas tous d’accord sur tout, sur la stratégie, sur tel ou tel mot d’ordre. Dans la longue histoire du mouvement ouvrier, les débats entre modérés et révolutionnaires ont toujours été vifs. Mais lorsque l’un d’entre nous est attaqué les forces du capital, il faut faire bloc. Car si l’un d’entre nous tombe, alors viendra notre tour.

Donc, pleine solidarité avec tous celles et ceux qui sont attaqués, molestés, jetés à la vindicte populaire.

Chers amis, chers camarades,

Le Président Macron a passé un cap ces dernières semaines. Le soir même de l’élection européenne, il a décidé seul de dissoudre. Il ne l’a pas fait comme un coup de poker, mais comme une stratégie politique bien huilée. Le capital, qui n’en a jamais assez a exigé que les réformes continuent, malgré l’affaiblissement de Macron suite à la mobilisation d’ampleur : pression sur les salaires, mise à sac de la protection sociale et étape suprême, la retraite par capitalisation.

Pour cela, il était prêt à la dissolution pour accélérer la contre révolution libérale.

Face A, Macron regagnait , dans un face à face avec le Pen.

Face B, Bardella gagnait.

Et le capital y était prêt : pour lui, l’extrême droite n’est plus un frein au business, comme le démontre l’exemple italien avec Méloni. Le capital français est en train de basculer ; il est prêt, pour conserver ses intérêts, à un pouvoir autoritaire, libéral et raciste.

Mais ce qu’il n’avait pas prévu, c’est la naissance et la victoire du Front Populaire, certes relative, mais victoire tout de même, car en démocratie, il n’existe pas de match nul.

Battu, Macron a donc poursuivi son déni démocratique. Il a décidé seul d’une trêve olympique, seul que le gouvernement serait démissionnaire, permettant à 17 Ministres de voter et donc de barrer la route à notre camarade André Chassaigne, candidat au perchoir.

Et donc parce que le peuple a mal voté, il est passé au plan C.

Mépriser le résultat du vote et nommer Michel Barnier, issu d’une force politique arrivée 4ème des élections législatives. Ce déni démocratique s’est transformé en coup d’Etat démocratique, car même aux JO, le 4ème n’a pas de médaille et ne monte pas sur le podium.

Je le dis ici : Macron n’a jamais envisagé de nommer Lucie Castets, ni personne d’autre à gauche. Son plan était clair : poursuivre, quoi qu’il en coûte, sa politique. Il a donc dealé avec l’extrême droite, tout en faisant semblant d’organiser de fausses consultations.

Ils sont prêts à tout, jusqu’à tordre les fondements de notre République au nom d’une « stabilité institutionnelle ». Mais la réalité est que cette stabilité répond d’abord aux impératifs des marchés financiers.

Il est donc temps d’en finir avec cette 5ème république à bout de souffle qui donne des pouvoirs immenses à un homme ou une femme seule.

Le Président doit retrouver une place moindre, les décisions doivent être prises collectivement en respectant le Parlement, les salariés doivent disposer de nouveaux pouvoirs dans l’entreprise, les citoyens dans la vie de la cité et les usagers dans les services publics. Alors redisons-le haut et fort: la 5ème république que nous combattons pour notre part depuis 1958 démontre ses limites. Il est urgent d’inventer ensemble une nouvelle République qui redonne  du souffle à la démocratie et  prend pour contrat social des valeurs sociales, laïques, démocratiques, féministes et écologistes.

Chers amis, chers camarades,

Il est urgent de mettre ce combat à l’ordre du jour, d’autant plus que l’extrême droite rôde et qu’elle est prête à prendre le pouvoir.

Il ne faut plus faire l’autruche, mais regarder le problème de face et le prendre à bras le corps. Partout, sur la planète, l’extrême droite progresse. Elle réalise plus de 20% dans 8 pays du continent aux dernières élections européennes. Elle dirige en Hongrie et en Italie ; elle ressurgit en Allemagne, et une fois qu’elle prend le pouvoir, elle ne veut jamais le rendre. Regardez même comment nos amis brésiliens ont eu du mal à s’en défaire. Partout où elle passe, comme en Argentine avec Mileï, elle s’attaque aux droits des femmes et des minorités, aux droits de la presse en favorisant les réseaux sociaux, s’attaque aux libertés publiques et fondamentales, à tous les résistances, notamment syndicale.  

En France, ils ont des puissants relais comme le groupe Bolloré et des animateurs stars décérébrés, qui, chaque jour, relaient, instrumentalisent, montent en épingle des faits divers en les érigeant comme faits de société pour distiller le venin de la haine et de la division.

Les révélations faites par l’Humanité sur le projet PERICLES du milliardaire Pierre-Edouard Stérin, qui a bâti un véritable plan de bataille à 150 millions d’euros pour préparer le RN à la conquête du pouvoir et pour acquérir des médias afin d’infuser ses idées, doit nous alerter.

Je sais, que dans toutes les organisations progressistes, se tiennent des débats sur sur la meilleure manière de combattre l’extrême-droite.

Je souhaite donner mon avis en sachant qu’il peut et doit être débattu, confronté, contre-argumenté.

Bien sûr, le vote pour l’extrême droite revêt différentes réalités : éloignement des services publics, sentiment d’abandon et de déclassement, sentiment que le vote ne change rien.

Mais je pense que nous avons un double problème.

Ce qui unit tout d’abord une majorité de cet électorat, c’est la peur de l’autre, la méconnaissance de nos frères et de nos sœurs d’humanité, ce sentiment que la société donne tout à l’un, l’étranger, et rien à soi, le Français. Cela s’appelle le racisme, et si on ne s’y attaque pas, alors nous ne regagnerons pas, ni la bataille des idées, ni celles des urnes.

Je veux dire ici que la banalisation de l’antisémitisme et du racisme m’inquiète au plus haut point. Nous l’avons toutes et tous collectivement,  progressistes, démocrates sous-estimé. Il n’est pas seulement le fait de nervis d’extrême droite mais d’un climat nauséabond  quotidien, alimenté par des paroles politiques décomplexées, du ministère de l’Immigration et de l’identité nationale sous Sarkozy, à la loi immigration de Darmanin validant ces thèses du RN.

Les questions d’antisémitisme, de racisme doivent devenir des sujets d’intervention majeurs pour la gauche de progrès social et écologique. Il faut dire non haut et fort. Nous ne pouvons pas laisser ce sujet polluer l’espace public et empoisonner les relations sociales. Il faut le faire refluer pour amorcer un rapport de forces humaniste durable pour changer la société.

L’antisémitisme, cette haine, ces clichés haineux d’un peuple juif auquel on attribue tous les maux, des épidémies aux inégalités sociales, est inacceptable.   

La hausse des actes antisémites nous est intolérable et doit être fermement condamnée, comme cet acte ignoble avec l’attentat contre la synagogue à la Grande Motte avec un homme arborant un drapeau palestinien, un acte innommable qui, en plus d’être antisémite, nuit au combat palestinien. 

Ne nous leurrons pas, l’antisémitisme se réactive en temps de crise à chaque fois qu’il faut trouver un coupable. C’est aussi la supposée critique d’une finance, qui détourne une critique de classe, avec un contenu haineux et simplificateur. Les attentats meurtriers qui ont visé nos compatriotes juifs depuis une dizaine d’année nous rappellent à quel point il ne faut jamais transiger.

Frantz Fanon disait « Quand vous entendez dire du mal des juifs, tendez l’oreille, on parle de vous ». S’attaquer aux Juifs, c’est s’attaquer à chacun de nous, et aux valeurs républicaines.

Il en va de même pour le racisme, un système de séparation et de hiérarchie, qui prend forme ici en France, sur le rejet des populations issues de l’immigration post-coloniale, même si je ne sous-estime pas qu’il touche aussi les Roms, les tsiganes, les communautés asiatiques.

Basé sur des préjugés qui animalisent, qui fantasment l’idée d’un Grand remplacement qui menacerait une homogénéité ethnique inventée, le racisme s’exprime dans les contrôles policiers humiliants, systémiques contre les jeunes Arabes et Noirs, mais aussi les discriminations à l’embauche ou au logement.

Les jeunes des banlieues, souvent issues de l’immigration, mais pourtant nés en France sont renvoyés et assignés par l’extrême droite à leurs origines et seraient des Français de papier, suspectés d’être hostiles à leur pays.

Chaque arabe ou noir, serait donc forcément musulman et donc potentiellement un terroriste. Voici les théories fumeuses et racistes répétées à longueur de journée sur C News.

Qu’on l’appelle racisme antimusulman, anti-arabe, ou islamophobie, est en constante progression. Elles s’articulent d’autant plus facilement que ce sont des catégories bien souvent au bas de l’échelle sociale, parmi les plus précarisés.

Nous réaffirmons ici aussi, que s’attaquer à un musulman, c’est s’attaquer à chacun d’entre nous et à la République.

La lutte contre l’antisémitisme et contre le racisme, comme contre l’homophobie et la transphobie, sont donc bel et bien parties prenantes du combat de classe.

Je le dis solennellement : ne tombons pas dans le piège d’opposer les luttes contre l’antisémitisme et contre le racisme.  Les deux rejets sont complémentaires et créent une matrice commune de haine, d’affrontement.

Les théories du Grand remplacement, d’un prétendu complot juif utilisent les mêmes ressorts.

Pour le combattre efficacement, faire reculer ses idées, il faut rester unis. L’émergence du Nouveau Front Populaire a permis à des milliers de gens à se réintéresser à la politique, à militer et à voter. Notre unité, le respect de notre diversité et de notre pluralité, qui n’est pas une faiblesse, mais une force pour toucher un public large est une nécessité pour combattre la peste brune. Unité, bataille idéologique et culturelle sont nécessaires pour regagner les esprits et les votes, et la prochaine fois, nous serons majoritaires dans le pays et à l’Assemblée Nationale.

Chers amis, chers camarades,

Nous aurons l’occasion de revenir durant ces trois jours, sur la question sociale, sur l’augmentation nécessaire des salaires, des pensions de retraites pour mettre fin à la précarité et à la grande pauvreté.

Les salaires d’abord, car la grande masse des travailleurs, des producteurs, des créateurs ne peuvent plus vivre dignement de leur travail. Parce que la colère des travailleurs et travailleuses des industries de services, de la logistique, les intérimaires, cette France des bas salaires, des fonctionnaires, des jeunes obligés de se salarier pour payer leurs études, ses sont exprimés pendant le mouvement des Gilets jaunes ou pendant le mouvement des retraites. Une mobilisation rejoints par les travailleurs de la terre qui se sont exprimés avec force cette année : toutes et tous nous disent que leur travail ne permet plus de se projeter, qu’il est souvent amputé de sens.

Ces salaires, il faut les augmenter maintenant.

Il est urgent d’augmenter le SMIC brut, car plus de dix branches sont en dessous du salaire minimum, les minimas  sociaux pour élever le niveau de vie de toutes et tous, en ponctionnant les revenus du capitales, les dividendes.  

Le NFP est prêt à le faire mais il faudra une mobilisation puissante pour l’imposer.

Les services publics, une priorité politique s’il en est, car ce sint les biens communs de celles et ceux qui ne naissent pas avec une cuillère en argent dans la bouche.

C’est ce qui fait République. Quand nos concitoyens se battent pour l’école de leurs enfants, pour le maintien d’un bureau de poste, d’une antenne de la CAF, pour les hôpitaux de proximité, ils demandent des services publics qui répondent aux besoins. Et vous le savez, nous avons une période récemment où tout roulait parfaitement. Ce sont les JOP.

Renfort dans la justice et le système hospitalier, transports ponctuels, agents de prévention et  police de proximité. Le résultat ? Médaille d’or pour les services publics.

Voilà ce que nous voulons toute l’année partout sur le territoire, dans les métropoles, les bourgs, les quartiers populaires, les outre-mer.

Pour cela, en plus du rétablissement de l’ISF, il faut reprendre la main sur nos richesses. En finir avec les cadeaux au capital, les exonérations de cotisation qui grèvent la protection sociale.

Je veux dire enfin un mot de ces JOP. Non pas pour polémiquer même si c’est jouissif de voir certains s’étouffer devant une cérémonie qui a délivré le message d’une France inclusive, porteuse d’un message universel. En plus des exploits de Teddy Riner, Léon Marchand, de nos équipes de sport collectif, d’Ugo Didier et Aurélie Aubert, ces JOP ont été un succès grâce à la France des travailleurs et travailleuses. Les médailles ont été réalisées par les salariés de la Monnaie de Paris, les agents des transports publics ont répondu présent, des milliers de bénévoles qui font vivre nos clubs de sports ont encadré et accueilli des gens du monde entier, la majorité de nos sportifs ont un boulot à côté : c’est cette France, qui a permis le succès de Paris 2024. Nous avons avec l’Humanité pointé les dérives du sport business, les opérations de nettoyage social.

Tout n’est pas rose mais ce qui a fait le cœur de ces Jeux, de l’organisation à la ferveur est le fruit de notre travail commun. Je veux saluer d’ailleurs Bernard Thibault, membre du Comité olympique qui a imposé une charte sociale et obtenu des avancées, comme les régularisations de travailleurs sans-papiers si indispensables dans les chantiers et qui ont pu bénéficier de normes de sécurité qui devraient être imposé à l’ensemble de ce secteur.

Ce qui fait le meilleur de ces Jeux, nous le voulons toute l’année. Ce serait le plus beau des trophées et notre juste dû.

Chers amis, chers camarades

Enfin, notre combat ne serait pas complet s’il ne comprend pas la lutte internationale et la paix. La paix non pas simplement comme une absence de guerre, mais bien comme projet de société, qui est indissociable de la grande sécurité humaine, partout et pour tous.

Oui, le combat contre l’oppression, la guerre, la misère de tous nos frères et sœurs d’Humanité est le nôtre, partout où il lutte.

Soutien au peuple cubain qui lutte contre l’impérialisme américain et dont partout sur la Fête, plusieurs stands du PCF collecteront médicaments et vêtements pour faire vivre la solidarité concrète avec le peuple cubain !

Soutien aux Kurdes qui ont lutté les armes à la main contre Daesh et continue à lutter pour leur indépendance et la liberté d’Ocalan et de tous nos frères et sœurs kurdes toujours emprisonnés par le pouvoir turc !

Soutien aux femmes qui luttent partout sur la planète pour leur droit à disposer de leurs corps librement, contre les violences sexuelles et sexistes, et contre l’extrême droite ou les fondamentalistes religieux comme en Afghanistan ou en Iran !

Soutien aux peuples ukrainien et russe, qui ont été plongés dans la guerre par Poutine, en rappelant que c’est toujours la jeunesse que l’on envoie au front en premier. Vite un cessez le feu et l’arrêt des armes qui ont fait trop de morts dans cette guerre.

Soutien à nos frères et sœurs d’humanité, que l’on appelle migrants, qui fuient guerre, misère et oppression, exploités par des passeurs et traqués par les gardes côtes en Mer Méditerranée ou dans la Manche ! L’Europe n’est pas en crise migratoire mais bien en crise de l’accueil.

Soutien aux Bangladais, aux Yéménites, aux Soudanais et à tous les peuples qui affrontent les tyrans et veulent en finir avec la guerre.

Enfin, permettez de m’attarder particulièrement sur 2 situations.

D’abord, celle des habitants et habitantes de la Nouvelle-Calédonie. Nous l’avons oublié, mais la France est toujours un pays colonisateur puisque 3 territoires, Mayotte, la Polynésie Française et la Nouvelle-Calédonie, restent selon l’ONU, des territoires à décoloniser.

Les violences qui ont éclaté sur le Caillou ont fait une dizaine de morts. Cette flambée de violence est le résultat d’un passage en force du gouvernement concernant le projet de loi constitutionnel sur le dégel électoral, succédant au projet de loi sur le report de la loi des élections provinciales. L’exécutif a donc tailladé les accords de Matignon puis de Nouméa et rompu le difficile équilibre de la paix civile.

Pire, ils ont arrêté des militants et envoyé en métropole 7 d’entre eux dont Christian Tein, chef de l’Union Calédonienne, loin de sa famille Nous demandons sa libération.

Il faut rappeler que si le corps électoral a été gelé, chose inédite en France, c’est que  Paris a reconnu sa politique coloniale, et pris les mesures nécessaires pour réparer ses méfaits.  

Nous appelons, donc une nouvelle fois, à reprendre le chemin de la palabre, du dialogue, et non du passage en force, pour retrouver un chemin original vers la décolonisation et un destin commun entre kanaks et caldoches.

Nous sommes d’ailleurs d’inaugurer demain à 17h une avenue Jean-Marie Tjibaou pour matérialiser cet acte de solidarité avec le peuple kanak.

Le second, c’est évidemment, la question palestinienne. Nous sommes à 3 semaines du sinistre 7 octobre, attaque terroriste du Hamas, que nous condamnons avec la plus grande fermeté.

Nous pensons à chaque victimes, et appelons à la libération urgente des otages encore retenus.

Depuis cette date , les Gazaouis vivent un déluge de feu, de bombes, de missiles et de violences inhumaines. Des massacres, crimes de guerre et contre l’Humanité font désormais apparaître  un risque plausible de génocide. Comment pouvons-nous rester impassible devant ce massacre d’une ampleur inégalée!

Je rappelle que la question Palestine n’a pas commencé le 7 octobre. Elle prend racine sur des décennies de violences, d’expropriation, d’apartheid, d’enfermement de prisonniers dont Marwan Barghouti dont nous exigeons toujours la libération.

Gaza est détruite à plus de 80%, écoles, hôpitaux… des humanitaires, des journalistes, enfants sont tués. Alors avec toi, Chère Hala, nous redisons haut et fort que nous voulons un cessez-le-feu et la paix, et donc, la justice et la reconnaissance d’un Etat Palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem Est comme capitale. Ce que la France n’a pas fait alors que 4 Etats européens ont franchi le pas au printemps.

Alors que la politique coloniale israélienne s’aggrave en Cisjordanie avec exactions et violences permanentes, cet Etat reconnu par les résolutions internationales ne verra le jour que par des pressions et des mobilisations internationales.

Chers amis, chers camarades,

Je veux remercier chacun et chacune d’entre vous pour la tenue de cette Fête. C’est un événement toujours exceptionnel par l’investissement de femmes et d’hommes qui démontrent la force de l’engagement militant communiste.

Je sais que nous vivons une période où donner de son temps pour les autres, pour porter des idées de partage et de solidarité est parfois mal vu. C’est même difficile quand on se retrouve parfois seul face à une direction d’entreprise, pour une distribution de tracts, pour un rassemblement.

Mais à l’autre bout du pays, d’autres personnes portent les mêmes combats, se démènent sans compter leurs heures  pour construire une autre société.

Cela donne du baume au cœur mais surtout une conscience collective qu’agir ensemble, changer la vie même localement ne doivent pas être considérées comme des petites victoires.

Cette Fête se prépare dès la fin de la précédente , et se tient  grâce au collectif militant communistes, à l’implication des élus qui sont des relais puissants de notre événement. Je veux saluer nos amis de l’agglomération Cœur d’Essonne et les maires du Plessis-Pâté, de Brétigny qui en plus de nous avoir accueilli ici se démènent pour populariser et ancrer la Fête en Essonne.

La Fête de l’Humanité, c’est ce rendez-vous où on se rencontre, on se retrouve pour échanger, et accueillir celles et ceux qui cherchent des réponses et veulent être entendus. Alors je le redis avec force, je connais l’esprit de responsabilité de chacune et chacun d’entre vous pour faire de cette Fête un moment de fraternité et de sororité. C’est le lieu où le mot camarade est prononcé plus d’un million de fois par jour.

Aucune polémique ne nous divisera, nous sommes plus forts que ça. Si vous souhaitez tester le cuir d’un-e militant-e communiste, d’un-e syndicaliste, d’une féministe, allez-y. En conférence, en débat, en montant une tente, dans les allées, au comptoir, nous sommes prêts à débattre, pas comme sur les plateaux ou derrière un compte anonyme. Notre réseau social, c’est le stand ! vous êtes les bienvenus pour changer le monde avec nous !

Je veux finir par une citation d’une grande dame Angela Davis qui nous fera l’honneur d’être avec nous ce samedi. « Je n’accepterai plus que je ne peux pas changer. Je changerai les choses que je ne peux pas accepter ».

Vive la 89e édition de la Fête de l’Humanité. Elle est ouverte, elle est à vous ! Merci !

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