Droits de l’enfant : la France mauvaise élève

20 Nov 2024

Nous célébrons ce mercredi 20 novembre les 35 ans de la Déclaration internationale des droits de l’enfant. Cette journée rappelle l’importance de ces êtres en devenir, de l’enfance et leurs droits en tant que futurs citoyens et décisionnaires de ce monde. Oui, les enfants vivent et pratiquent le monde chaque jour, ils ont des choses à en dire. Pendant des siècles, ils n’étaient pas reconnus comme êtres sensibles et doués de conscience mais seulement comme des propriétés des adultes.

Dans un monde vieillissant, 35 ans après la proclamation de cette déclaration qui reconnait des droits fondamentaux, la place des enfants prend un tout autre sens. Cette journée thématique se fait dans un monde tumultueux. L’avenir s’écrit en pointillé avec le dérèglement climatique, un capitalisme destructeur et dérégulé alimente des guerres et son lot de destructions.

Ce monde fait du mal aux enfants en premier lieu parce qu’il le fait aux adultes, à ce qui fait société. Dans une société où la pauvreté progresse, où la haine est alimentée quotidiennement, les enfants sont nécessairement impactés.

Depuis plusieurs années, il n’y a plus en France de ministère de l’Enfance ou des Familles digne de ce nom. Il y a eu des secrétariats d’Etat à la petite enfance mais tous les sujets ont été noyés dans des politiques jeunesse brumeuse.

Le dernier rapport de l’UNICEF est à ce titre accablant pour notre pays. 1 enfant sur 5 ne mange pas trois repas par jour quand 1 sur 4 a déjà connu des violences physiques. Les rapports effroyables sur la situation de la petite enfance avec des cas de maltraitance systémique dans des dispositifs de garde (public et privé) mais aussi des situations d’inceste et de violences sexuelles démontrent l’ampleur des violences contre nos enfants.

Il faut ajouter à cela une attaque en règle contre la justice des mineurs (sous le mandat précédent de Gabriel Attal), des dispositifs de protection de l’enfance qui deviennent d’ailleurs des lieux dangereux comme l’ont révélé plusieurs scandales de l’ASE.

Comme un symptôme, un autre rapport du Haut conseil des familles a dévoilé que la sédentarité a progressé avec des temps d’écran de plus de 4 heures par jour pointant des risques pour la santé mentale. Aucune politique de prévention n’a été instaurée pour réguler et prévenir les comportements à risque via les écrans.

A l’échelle internationale, les crises économiques et sociales, les guerres alimentent les trafics en tout genre que vivent ces enfants. Des 200 000 enfants ukrainiens enlevés par l’armée russe depuis 2014 quand plus de 16 000 enfants ont été tués à Gaza par l’armée israélienne, soit plus que l’ensemble des enfants tués dans les autres théâtres de guerre ces quatre dernières années. Quand ce funeste décompte va-t-il cesser ? Nous préparons des générations entières à la haine et à la violence.

D’ailleurs, le mouvement « no child » de beaucoup de jeunes couples vient aussi de cette incertitude face à l’avenir. Loin d’être une tendance égoïste, c’est parce que beaucoup ne peuvent se projeter sur des conditions décentes pour accueillir et élever un enfant.

A côté d’une politique spécifique pour tous les âges de l’enfance, il est évident que c’est une autre politique de droit commun qu’il faut instaurer. L’austérité, la casse des services publics et de toute politique de prévention sont responsables de cette génération en souffrance. Quand les parents vont mal ou qu’il sont défaillants, il faut considérer que la société est responsable des enfants et doit les protéger. Derrière chaque emploi précaire, un logement insalubre, des violences intrafamiliales, il y a des enfants qui sont témoins de tout cela et qui vivent les événements.

La convention internationale des droits de l’enfant n’est pas un document annexe mais une priorité qu’il faut se donner. Elle est indissociable d’une politique ambitieuse pour les familles, agissant pour l’indépendance effective des femmes notamment.

Les forces progressistes doivent s’attacher à inscrire cette ambition dans leur programme.

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