Gaza est palestinienne !

9 Fév 2025

Les propos sont sidérants et pourtant bien réels : « Les États-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza et nous allons faire du bon boulot avec » Voici ce qu’a déclaré Donald Trump lors d’une conférence de presse en compagnie de Benyamin Netanyahou. Cette déclaration, lue par le locataire de Washington, expose une prise en main de l’enclave à des buts d’une reconstruction sans les Gazaouis. Derrière le projet d’une « riviera du Moyen-Orient », c’est l’expulsion des Palestiniens qui est annoncée. 

L’indignation légitime de nombreuses chancelleries est salutaire mais elle impose une analyse sérieuse. On pourrait pérorer sur le caractère éruptif de Donald Trump. Ce ne sont pas des paroles en l’air ou juste une provocation. Il s’agit d’une vision politique, peut-être opportuniste, qui justifie les processus en cours dans la région. Les Palestiniens sont totalement déshumanisés. 

Rappelons d’abord que la libération des otages et des prisonniers politiques n’est pas achevée dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu signé il y a moins d’un mois.

Le gouvernement d’extrême droite israélien s’en est d’ailleurs félicité puisqu’il estime avoir carte blanche pour éteindre toute perspective d’Etat palestinien. C’est le rêve des suprémacistes juifs qui ont toujours abhorré toute idée d’accord et de reconnaissance des droits des Palestiniens, n’ayant jamais digéré les accords d’Oslo. 

Le cynisme étatsunien évoque « l’enfer » sur cette bande de terre gazaouie, « responsabilité d’Israël qui a rendu cette terre inhabitable » comme le déclare à juste titre Hala Abou Hassira, Ambassadrice de Palestine.

Après le génocide perpétré à Gaza, documenté par les institutions internationales, cette punition collective dont le bilan humain est encore largement sous-estimé, il est proposé d’achever la perspective d’un projet national palestinien. Ce nettoyage ethnique serait un nouveau crime contre l’Humanité à l’encontre du peuple palestinien. 

Provoquer l’exode massif de Palestiniens vise à fracturer encore les Palestiniens entre plusieurs statuts et plusieurs territoires. Il s’agit de poursuivre la séparation avec les Palestiniens de Jérusalem-Est et de Cisjordanie. Il faut rappeler que ces territoires sont également occupés par Israël et sont la cible actuelle d’opérations militaires israéliennes d’ampleur en vue de leur annexion. Perspective validée par l’ambassadeur étatsunien en Israël qui parle de la Cisjordanie comme de la Judée Samarie, terme du vocabulaire colonial israélien.

Il n’y a malheureusement rien d’étonnant puisque les évangélistes qui sont au cœur de l’administration trumpienne avaient déjà soutenu les idées suprémacistes des gouvernements israéliens entre 2016 et 2020 avec la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et l’affaiblissement de l’UNWRA, agence onusienne de soutien aux réfugiés palestiniens.

Il faut rappeler enfin que l’application d’un tel projet embraserait la région puisque ni l’Egypte ni la Jordanie n’ont la volonté ou les capacités d’accueillir des millions de Palestiniens. 

Que faire dès lors ? Alors que l’aide humanitaire et la reconstruction à Gaza devraient être les priorités, on ne peut laisser un blanc-seing à Benyamin Netanyahou qui se voit conforter dans ses projets criminels et destructeurs. Rappelons par ailleurs qu’il devrait comparaitre devant la Cour pénale internationale pour répondre de ses actes. 

La condamnation des propos de Trump doit s’accompagner d’actions fortes de solidarité immédiates. Il ne faut pas attendre le sommet franco-saoudien annoncé en juin. La France doit enfin prendre son courage à deux mains et reconnaitre l’Etat de Palestine. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et leader européen, cette décision aurait un impact immédiat. Les forces de soutien à une paix juste et durable doivent parler d’une même voix pour porter cette exigence. 

Le droit du peuple palestinien à l’auto-détermination et à disposer d’un Etat libre et souverain n’est pas négociable.

Dans la même catégorie

Aphatie généralisée

Aphatie généralisée

Le 25 février dernier, Jean-Michel Aphatie, journaliste et chroniqueur à RTL déclarait ceci à...

Dans les autres catégories