Gaza : l’impunité continue

22 Juil 2024

L’enfer se poursuit à Gaza. Passé sous les radars d’une actualité internationale dense, les bombardements intenses menés par l’armée israélienne se poursuivent. Les tractations en vue d’un cessez-le-feu n’y changent rien. Le récent bombardement d’une « zone sécurisée » ayant fait 90 morts, dont la moitié d’enfants nous horrifie. Quelques jours avant, l’hôpital pédiatrique d’Okhmatdyt à Kiev était bombardé par l’armée russe, démontrant la barbarie de la guerre qui s’en prend aux plus vulnérables et aux symboles de la vie que sont les enfants.

Les réactions lancinantes et platoniques des diplomaties sont pathétiques. Benyamin Netanyahou déclare que cette frappe meurtrière contre le camp d’Al-Maghazi visait Mohamed Deïf, considéré comme le chef des opérations de la brigade militaire du Hamas à Gaza.

Le bilan macabre de l’intervention militaire israélienne dépasse les 38 000 morts et les plus de 88 000 blessés dont des milliers mourront de leurs blessures, faute de soins. La revue médicale internationale The Lancet évoque même le chiffre de plus de 186 000 morts comptant les nombreuses zones où il est difficile de comptabiliser notamment les disparus dans les décombres. Plus de la moitié des infrastructures de Gaza sont ainsi détruites.

Nous avons entamé le 9e mois de cette intervention militaire, consécutive à l’odieux attentat terroriste du Hamas qui a fait plus de 1200 victimes civiles en territoire israélien. 73 otages israéliens sont toujours captifs et éloignés de leurs proches dans des conditions inhumaines.

La violence reste le moteur permanent des actions dans la région où les colons israéliens mènent des exactions en toute impunité en Cisjordanie, n’ayant plus peur de parler d’annexion de ce territoire occupé.

La Cour Internationale de Justice étudie la qualification de « risque de génocide » à Gaza et un mandat d’arrêt international pourrait être émis dans les prochains jours contre Benyamin Netanyahou et des responsables du Hamas pour crimes de guerre. L’extrême droite israélienne poursuit son projet de rendre l’enclave de Gaza invivable avec une reconstruction qui prendrait des années, un peuple traumatisé et une société totalement déstructurée. L’enclave, qui est une terre historique de réfugiés palestiniens, est désormais à 90% de déplacés errant sans perspective. Le projet national palestinien, en plus des divisions internes aux factions palestiniennes, est totalement miné par l’ampleur des destructions qui empêchent matériellement à un peuple de se projeter.

L’impasse d’une solution politique durable et juste est le terreau des violences de demain puisque un horizon bouché ouvre la porte au pire.

Il faut pourtant faire cesser les armes et agir à tous les niveaux pour arrêter ce qu’on peut a minima qualifier de carnage. Le 7 octobre est le résultat monstrueux d’un aveuglement collectif. Il faut reprendre la main aux extrémistes de deux camps pour permettre la coexistence entre les deux peuples israélien et palestinien. Le vote récent par la Knesset, le parlement israélien, d’une résolution s’opposant à la création d’un quelconque Etat palestinien justifie la pression internationale pour ne pas laisser un gouvernement d’extrême droite poursuivre une aventure coloniale dangereuse et irresponsable.

A notre échelle, notre mobilisation est essentielle pour obtenir un cessez-le-feu durable et la libération des otages, des prisonniers palestiniens enfermés arbitrairement. Seule une pression internationale peut contraindre les interlocuteurs locaux à avancer vers ce cadre. La bataille pour la reconnaissance de l’Etat palestinien par la France serait un acte majeur comme l’ont fait quatre autres Etats européens au printemps. Toutes les initiatives menées dans les instances de justice internationale doivent enfin être soutenues.

Loin des polémiques et des instrumentalisations, c’est le respect du droit international qui doit guider l’action des démocrates et progressistes. C’est la seule voie d’une paix juste et durable.

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