Personne n’en voulait et pourtant ils sont là. Une force arrivant 5ème de l’élection législative dirigera donc un gouvernement avec les macronistes dont il a prétendu qu’il en était opposant…
Michel Barnier, nommé Premier ministre a dévoilé le casting de son gouvernement ce dimanche 22 septembre.
En plus de sa composition, c’est le projet porté qui nous inquiète. Le président a fait le choix de fouler aux pieds la volonté populaire issue du scrutin législatif pour poursuivre son orientation libérale-autoritaire.
Deux faits marquants caractérisent ce gouvernement dont on ne connait pas l’espérance de vie.
La première est que cet attelage entre macronistes et le parti les Républicains sera aux mains du Rassemblement national. Chaque orientation, chaque projet de loi aura besoin de l’onction ou a minima de l’abstention de l’extrême droite.
Contrairement à ce qui a été dit, Emmanuel Macron n’a jamais laissé une chance à la gauche, dans sa composante jugée acceptable et modérée (comprenez ici qu’elle accélère les réformes antisociales).
Il a au nom du capital clarifié la situation politique et produit la jonction entre la droite et l’extrême droite.
Il flatte les partisans des thèses les plus conservatrices et réactionnaires sur l’immigration, le genre ou encore le service public. L’extrême droite se respectabilisait autrefois en lissant son image. C’est désormais le capital qui montre des signes de respectabilité auprès de l’extrême droite en donnant à voir que certains droits pourraient être suspendus voire supprimés tant que la marche du business se poursuit.
La destruction méthodique de toute idée de bien commun et de fragmentation de notre société doit se poursuivre. Etant dans les mains du RN, le gouvernement aura le soutien implicite pour continuer la casse sociale en focalisant chaque débat sur l’immigration. Baisse du budget d’un ministère ? Restrictions de prestations sociales aux étrangers. Attaque contre les plus pauvres ? Suppression de l’Aide médicale d’Etat. Mobilisation pour les services publics ? Nouvelles loi immigration et sécurité globale.
D’ailleurs, le régalien sera un élément phare de ce gouvernement, réglant chaque conflictualité sociale par l’ordre et la répression. Nos amis de Nouvelle-Calédonie/Kanaky peuvent être légitimement inquiets.
L’application de l’agenda bruxellois constitue le deuxième axe de ce gouvernement.
Ancien commissaire européen, Michel Barnier a beau pérorer et demander une contribution fiscale des plus riches, c’est le marteau de l’austérité qui va frapper lourdement.
D’ailleurs, le fait que la commission des finances de l’Assemblée nationale ne puisse pas disposer des éléments préparatifs du budget renforce ce déni démocratique avec un Premier ministre qui aura le Budget parmi ses prérogatives spéciales. Ce sont a minima entre 10 et 15 milliards qui doivent être rabotés, en plus de ceux administrés par Bruno Le Maire en février dernier par décret. L’argumentaire est tout trouvé : l’Union européenne va placer Paris sous la procédure de « déficit excessif ». Ce ne sont évidemment pas les milliards d’exonérations fiscales aux plus riches et au capital qui sont pointés.
La politique de l’offre est un échec patent mais est encore justifiée pour saigner le peu de services publics restants. D’ailleurs, les instances européennes parlent d’un rabot à plus de 40 milliards pour réduire le déficit public français. Les services publics qui se rattachent à certains ministères seront les plus touchés : Education nationale, Santé, Transports. C’est la privatisation de l’école publique, la fin du statut de la fonction publique, la paupérisation des classes travailleuses qui s’annoncent.
Pourtant, c’est bien le rejet de ces orientations néolibérales qui a été exprimé dans les urnes l’été dernier. Ce même s’exprime partout en Europe et alimente le vote d’extrême droite, faussement antisystème.
D’ores et déjà, la première mobilisation d’ampleur du mardi 1er octobre doit nous mobiliser. Les forces syndicales tentent de rassembler ces salariés qui subissent la violence sociale. Les forces de gauche doivent quant à elles donner du sens à cette bataille démocratique et sociale.
Le Nouveau Front Populaire doit continuer de vivre, dans la richesse de ses composantes, pour alimenter le combat et donner une perspective aux luttes. Les progressistes, légitimement amers en raison de ce coup de force, doivent rester unis.