Depuis la nomination de Michel Barnier, contraire au vote populaire, les mauvais coups s’enchainent. Sans répit. Une pluie incessante qui s’abat dans un ciel déjà bien sombre après des années de politique austéritaire menée par les différents gouvernements sous la présidence Macron.
Après les premiers jours focalisés sur la nouvelle lutte contre l’immigration, le gouvernement a annoncé devoir trouver 60 milliards d’euros d’économies pour l’année 2025. Pas de miracle pour trouver cette somme, Michel Barnier met en avant la chasse à la dépense publique. Le budget 2025 sera donc l’un des plus austéritaires qui soi, avec des coupes pour les collectivités et dans la fonction publique.
Parmi ces économies, dernière trouvaille du gouvernement, le nouveau ministre de la fonction publique vient de remettre sur le tapis, une vieille lubie de la droite libérale.
Instauré durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, le jour de carence pour les fonctionnaires a ensuite été abrogé sous François Hollande car cette mesure était jugée injuste, inutile et inefficace, et enfin réintroduit durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron en 2018.
Guillaume Kasbarian propose de faire passer à 3 ces jours de carence pour la fonction publique, pour parvenir à 1,2 milliard d’euros d’économies (en s’attaquant également au passage, au plafonnement de la rémunération des congés maladie).
Sous prétexte de faire des économies, Kasbarian qui, décidément n’a honte de rien après sa loi anti-logement, va désormais s’attaquer à ces ‘’nantis’’ des fonctionnaires.
Pourquoi une telle marotte et une telle obsession ? Les partisans des jours de carence sont convaincus d’une injustice totale et injustifiée qui profiterait aux fonctionnaires aux dépens des salariés du privé.
Quelle est la réalité ? Le rapport de juillet 2024 de l’Inspection générale des affaires sociales montre effectivement, qu’en moyenne, les agents du publics ont 14,5 jours d’absence pour raison de santé en 2022, contre 11,7 jours par salarié du privé.
Ces chiffres bruts pointent donc certes un niveau légèrement plus élevé de maladie, et non pas d’absentéisme, qui renvoie au concept de jour de congés non justifié ou de jour de travail séché, mais ne font l’objet d’aucune analyse pouvant expliquer les raisons de ces arrêts maladie.
On le sait, les services publics, les différentes branches de la fonction publique sont victimes depuis des années des politiques d’austérité. Bien évidemment, celles-ci ont des répercussions sur les conditions de travail des agents et leur bien-être.
Oui, il y a des fonctionnaires malades, oui cette tendance est en augmentation. Mais pourquoi ?
Ce questionnement semble bien trop complexe pour le gouvernement et il est inimaginable pour lui de penser que cela soit la conséquence de la détérioration des conditions de travail dans la fonction publique et des baisses des moyens, année après année.
Qui peut nier aujourd’hui la difficulté de ces métiers ? Qui peut affirmer qu’être prof ou infirmier aujourd’hui, vu l’état de l’éducation nationale et de l’hôpital public, n’amène pas parfois à des arrêts maladie ?
Le gouvernement préfère sanctionner que de répondre aux causes réelles du mal, persuadé que ces arrêts sont de complaisance.
Le risque est grand qu’en réalité la réponse provoque encore plus de mal-être et entraine au final plus de dépenses pour la nation.
L’autre argument utilisé par le ministre est de vouloir aligner les pratiques de la fonction publique sur celles du privé. Il conviendrait de faire rentrer dans le rang, les fonctionnaires, ces soi-disant privilégiés. Au-delà du fait qu’en réalité les salariés du privé bénéficient très souvent d’accords d’entreprises maintenant leur rémunération dès leur 1er jour d’absence, c’est bien la 1ère fois que ce gouvernement fait mine de s’intéresser à l’égalité entre les salariés..
Derrière tout ça, ce sont en réalité bien les préjugés stigmatisant les fonctionnaires qui dominent.
Si le gouvernement veut trouver des nouvelles recettes dans le monde du travail, peut-être pourrait-il creuser du côté des exonérations de cotisations patronales, des inégalités salariales entre les femmes et les hommes qui représentent un véritable manque à gagner pour notre système de protection sociale etc.
Assurément, instaurer trois jours de carence pour des agents dont la rémunération est généralement moins élevée que dans le privé, est une mauvaise réponse, et montre, une nouvelle fois, tout le mépris de ce gouvernement pour les salariés et leur souffrance au travail.
Alors soyons nombreuses et nombreux à dénoncer et à nous opposer à ce nouveau coup, à cette mise en concurrence par le bas entre les salariés.
Améliorer les conditions de travail ne semble pas être la priorité de ce gouvernement. Et ca, c’est une vraie carence de l’Etat !