Indigeste avant de tourner à la diète, la concentration du capital représente tout ce qu’il y a de plus brutal dans le capitalisme contemporain. Ce phénomène s’accélère en temps de crise et permet aux grands détenteurs de capitaux de faire croître leurs marges et leurs profits. Ce sont évidemment les salariés qui en paient le prix fort.
Les restructurations dans un certain nombre de secteurs, qualifiés ironiquement de plans de sauvegarde de l’emploi alors qu’elles en détruisent, profitent à ce qu’on appelle les « gros » ou maladroitement les ultrariches… Derrière tous les dossiers de délocalisations, de licenciements, de faillites, se trouvent des fonds d’investissement ou des mal nommés « capitaines d’industrie » qui organisent des monopoles de fait dans certains secteurs. Derrière des filiales ou des cascades de sous-traitants, ce sont des secteurs entiers sous contrôle d’un ou deux leaders : le sacro-saint principe de concurrence libre et non faussée peut être bafoué sans problème quand il s’agit de rémunérer le capital, mais il reste valable pour attaquer les entreprises publiques. La financiarisation de l’économie dans toute sa splendeur se matérialise par les drames sociaux à Camaïeu, Go Sport, Valdunes ou Clestra. Tout cela sans compter les stratégies d’optimisation fiscale.
Les conséquences sociales en sont terribles. Les inégalités n’ont ainsi jamais été aussi criantes depuis l’après-guerre. Les dividendes du CAC 40 ont atteint 67.5 milliards en 2022 quand 25% de nos concitoyens font des sacrifices alimentaires du fait de l’inflation. Alors que la part du patrimoine hérité est de 60%, contre 34% en 1970, la part revenant au travail a chuté de 10 points en quarante ans, représentant 250 milliards pris au camp du travail.
Augmenter les revenus de celles et ceux qui vivent difficilement des bas salaires, des minimaux sociaux, par le salaire et la cotisation, c’est enrayer cette spirale inégalitaire. La bataille autour de la répartition de la valeur ajoutée, sujet de négociation intense cette année, doit être amplifiée. Ce ne sont pas des primes ni de l’intéressement ou encore moins des chèques alimentaires ou énergie, que les salariés acceptent légitimement au regard de la situation, qui suffiront à terme.
Combattre la concentration du capital et sa logique financière, c’est aussi se donner les moyens de reprendre la main sur notre avenir. Ce sont les investissements de demain qui sont possibles pour la planification écologique et la relance industrielle alors que le capital ne songe qu’à se gaver sans penser au lendemain. Ce sont surtout des nouveaux pouvoirs aux salariés dans l’entreprise, qui doivent être arrachés pour redonner du sens au travail et une autre répartition entre le capital et le travail.
Cette concentration économique touche aussi le secteur des médias, détenu à 90% par quelques milliardaires. Secteur que les libéraux qualifient « trop à gauche », plaçant même le « Journal du dimanche », média-relais de la théorie fumeuse du grand remplacement au centre-droit (sic)… La concentration doit être combattue par une nouvelle loi antitrust, sous peine de précariser aussi davantage les travailleurs et travailleuses de l’information.