L’élection de Trump doit sonner comme une alerte pour tous les progressistes et les démocrates à travers le monde. Et sa large victoire, y compris dans le suffrage populaire comme dans le collège des grands électeurs, doit nous interroger.
Une des caractéristiques d’une démocratie pleine et entière est le vote libre. A ceci s’ajoute surtout, le fait que chaque citoyen et citoyenne soit éclairé au moment de voter.
La presse joue ainsi un rôle essentiel en s’appuyant sur de l’information fiable, sourcée et vérifiée. Donald Trump, depuis sa défaite en 2020 et l’attaque du Capitole, déploie une stratégie utilisée par l’extrême droite partout dans le monde. Celle de la vérité alternative.
Refuser le réel, favoriser les fakes-news, instrumentaliser chaque fait divers pour jouer sur les peurs, stigmatiser les médias dits traditionnels pour favoriser « la liberté » des réseaux sociauX, tout en étant appuyé par des puissants relais médiatiques, là bas Fox News, ici C News….
Un multimilliardaire grotesque et viriliste, condamné par un tribunal pénal pour une affaire d’agression sexuelle et poursuivi pour d’autres faits de corruption, va retrouver la Maison blanche après une campagne odieuse où il n’a eu de cesse d’insulter littéralement ses adversaires, repeints en ennemis à abattre.
Faut-il rappeler également que Donald Trump, à l’instar de Bolsonaro, ont été des fervents partisans de la non vaccination pendant la crise Covid ? Ce discours avait, rappelons-le, mis en danger voire entrainer la mort de millions de personnes.
Chacun a bien conscience que Donald Trump a accentué les fractures dans le pays en hystérisant une partie de ses partisans, accompagné de groupes fascisants, qui ont refusé le résultat de 2020, et vivent la victoire de leur héros comme une revanche. Cela est accentué dans un pays où les inégalités sont extrêmement puissantes entre classes sociales et entre États.
Cette victoire de Trump est ainsi présentée comme celle du peuple face aux élites, illustré par le nombre de stars qui ont soutenu Harris.
L’inflation, le chômage et la désindustrialisation, la peur du déclassement dans la première « superpuissance mondiale » dans un monde devenu multipolaire…sur l’ensemble de ces défis, les démocrates n’ont pas trouvé de réponse ou ont refusé d’entendre les attentes populaires.
Kamala Harris, en tant que vice-présidente de Joe Biden est comptable de ce bilan. En étant désignée par son Parti, et non par le processus électif des primaires, l’étape de la mobilisation populaire lui a fait incontestablement défaut au moment du vote.
On peut également s’interroger sur le retrait tardif, trop tardif de Joe Biden. Malgré ces manquements, le racisme et le sexisme crasse du camp trumpiste à l’encontre de l’ancienne procureure de Californie révèle l’ampleur des discours de haine dans la société étatsunienne.
Bien évidemment, Trump ne règlera aucun des problèmes auxquels sont confrontés les Etatsuniens. Mais avec son slogan simpliste « L’Amérique d’abord », il donne l’illusion de vouloir d’un volontarisme politique, là ou la politique recule car des choix politiques libéraux consiste à ne pas les régler.
Partout, l’extrême droite réunit la convergence d’aspirations populaires au changement avec les intérêts d’une minorité d’ultra riches. Elon Musk, milliardaire de la tech, est l’incarnation de cette stratégie qu’il diffuse par son réseau social à l’audience planétaire.
Si on ne peut calquer la réalité étatsunienne avec nos propres sociétés européennes, nous devons en tirer des enseignements.
Le capital est prêt à tout pour asseoir sa logique de profit, quitte à sacrifier les conquêtes démocratiques et sociales. Au sein de l’autoproclamée plus grande démocratie du monde, dont le modèle électif fait la part belle à l’argent et aux intérêts privés, de grandes régressions s’annoncent pour les femmes, les Noirs, les migrants, les personnes LGBTQIA+ et toute la classe travailleuse dans son ensemble.
Au niveau international, nous pouvons assister à une accélération des désordres climatiques, politiques, sociaux. Ce 5 novembre marque une victoire de l’internationale des réactionnaires, fascistes et courants d’extrême droite en tout genre. Les criminels de guerre et autocrates se voient conforter en Russie, en Israël et plus largement au Moyen-Orient et en Amérique latine.
La réponse à cet air du temps mauvais doit être collective, ferme et responsable. Par l’unité d’action des forces de progrès, de la création, des femmes et des hommes attachés au bien commun et aux principes démocratiques, nous pouvons enrayer ce cycle de la haine. La leçon de ce 5 novembre est claire : un projet de rupture avec l’ordre néolibéral et au service des intérêts populaires est la seule voie pour défaire l’extrême droite.