Mercosur : cet accord « voitures contre viande » doit être abandonné !

5 Nov 2024

Depuis quelques semaines le Mercosur est de nouveau sur le devant de la scène, en perspective du prochain sommet du G 20 à Rio de Janeiro, les 18 et 19 novembre.

Cet accord commercial entre l’Union européenne et 5 pays (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie) est conclu en  2019, après 25 ans de négociations. Le contenu a été élaboré dans le plus grand secret par la commission européenne, contrevenant à tous les canons démocratiques.

Cinq ans plus tard, il n’est toujours pas ratifié car les négociations sont actuellement bloquées sur les nouvelles exigences de l’Union Européenne en matière environnementale et de lutte contre le réchauffement climatique. Mais depuis quelques jours les négociations s’accélèrent puisque ces défenseurs veulent aboutir d’ici la fin de l’année.

Le compte à rebours est donc lancé pour bloquer et enterrer définitivement cet accord qui ne propose aucune élévation des standards internationaux  bien au contraire, alors que les exigences ont heureusement évolué depuis 25 ans. Sa ratification conduirait à aggraver la déforestation au Brésil et le pillage des ressources naturelles.

A plusieurs reprises, le Président Macron a affirmé que la France ne pouvait soutenir ce traité, faute de mesure environnementale et de norme sanitaire suffisante, et avait exigé des mesures concrètes en faveur du climat. La Ministre en charge du commerce extérieur a quant à elle récemment affirmé ‘’ nous ne pouvons pas prendre un accord aujourd’hui qui soit contraire à nos engagements et nos ambitions’’.

A notre connaissance, les quelques évolutions récentes accordées par la commission européenne sont à la marge et presque purement ‘’décoratives’’, bien loin des enjeux pour sauver notre planète et du respect des droits humains.

Il est donc totalement incompréhensible et inacceptable que la Commission Européenne déclare, par voie de presse, envisager la mise en œuvre de cet accord d’ici la fin de l’année.

Chacun sait que cet accord est une véritable menace pour les agriculteurs français et européens, profession déjà en grande difficulté économique.

En 10 ans, la France a perdu 100.000 exploitations agricoles et risque d’en perdre le même nombre dans les 10 ans à venir. Ils craignent, à juste titre, l’importation de denrées alimentaires sud-américaines issues de l’agrobusiness, du fait de l’abaissement des droits de douane.

Il faut bien se rendre compte de l’étendue du problème et des volumes en jeu. Le Mercosur, c’est le traité de libre-échange le plus important conclu par l’UE en matière de population concernée (780 millions de personnes) et de volumes d’échanges (entre 40 et 45 milliards d’euros d’importations et d’exportations). Et on parle ici de l’équivalent de 3,4 millions de tonnes de maïs, 180 000 tonnes de volaille, 180 000 tonnes de sucre et 99 000 tonnes de bœuf.  Rappelons que 75% de la déforestation au Brésil est liée à l’élevage bovin. L’Union Européenne est le 2ème importateur mondial de soja brésilien et de viande bovine.

Nous sommes dans un cas typique de concurrence déloyale et les conséquences ne sont pas un petit détail pour notre souveraineté alimentaire et de la qualité de ce que nous mangeons ! Car il n’est un secret pour personne que les normes sanitaires et environnementales, que les modes de production ne sont pas les mêmes en Amérique du Sud. L’Argentine a, par ailleurs, à sa tête un président totalement climato-sceptique !

Il est tout de même paradoxal et effrayant de constater à quel point dans ce système capitaliste mondialisé, complètement dérégulé, il y ait de plus en plus de restriction en matière de liberté de circulation des individus et à l’inverse une liberté totale de circulation des marchandises.

Plus de 200 député.e.s de gauche et de droite viennent de signer une tribune pour appeler le gouvernement à mettre son veto sur cet accord.

En principe, c’est l’intégralité de l’accord qui devra être soumis à la procédure de ratification c’est-à-dire à un vote à l’unanimité des États membres, puis à un vote au Parlement européen et à une ratification par l’ensemble des États membres selon la procédure prévue au niveau national, par l’Assemblée nationale et le Sénat dans le cas français.

Mais la Commission européenne pourrait également choisir de sortir le volet commercial afin de permettre l’adoption séparée du volet commercial de l’accord – les accords commerciaux relevant d’une compétence exclusive de la Commission. 

De plus, nous ne pouvons occulter le fait que depuis la dissolution et la crise politique, le poids du Président et de la France se sont affaiblis au sein de l’Union Européenne et qu’il parait désormais plus envisageable diplomatiquement qu’Ursula Von Der Leyen ne tienne pas compte de la position de la France.

Le danger est donc réel et grand, raison de plus pour faire pression collectivement pour que cet accord ‘’voitures contre viande’’ et cette guerre commerciale soient abandonnés de toute urgence.

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