L’avenir de notre humanité commune est en train de se jouer : les peuples doivent être attentifs et revendicatifs auprès de leurs gouvernements pour que des mesures radicales soient prises. La Conférence des parties (COP en anglais) tient sa vingt-huitième édition à Dubaï, aux Emirats arabes unis. Dans un Etat pétrolier parmi les plus actifs, on pourrait penser que le sommet international est déjà fourvoyé. Le président des Emirats a négocié en amont des réunions et des contrats, alors que l’enjeu principal du sommet international vise à sortir complètement des énergies fossiles, condition essentielle pour décarboner nos productions.
Le sentiment d’inertie est puissant. Les événements climatiques extrêmes se développent partout dans le monde et les indicateurs nous dévoilent une trajectoire climatique au-delà du 1,5°C degré préconisé dans l’Accord de Paris de 2015. Rien qu’en France, nous avons atteint l’objectif de baisse de 2% des émissions de gaz à effet de serre quand nous devrons atteindre -45% en 2030 ! Nous allons vers un monde à +3°C en 2100, soit une configuration infernale. Ce ne sont pas seulement quelques adaptations, mais des manières de vivre qui seront totalement bouleversées, avec une insécurité encore inimaginable pour tous les peuples de la planète.
Les équilibres sociaux, la sécurité alimentaire – et même physique – mondiale sont menacés. Nous ne devons plus penser comme si l’après serait un mauvais moment à passer. Les avancées scientifiques pourront résoudre de grands problèmes à venir mais la solution ne peut être technique. C’est un nouveau rapport au monde, à nos manières de produire, à la consommation et tout simplement à la vie qui doit se construire. Le dépassement du système capitaliste doit être posé urgemment, et avec force.
Pour construire cet après vivable pour nous humains, mais aussi pour les formes de vie dont nous sommes bien plus dépendants que nous ne croyons, nous connaissons déjà les recettes. Les faits sont établis par le Groupement intergouvernemental pour l’énergie et le climat (GIEC) et les pistes proposées doivent être concrétisées par des choix politiques forts.
Les Etats les plus vulnérables, parmi les plus pauvres au monde, demandent justice. Nous savons par ailleurs que, dans toutes les sociétés, le déréglément climatique dégradera considérablement les conditions d’existence des couches sociales les plus pauvres d’abord, mais bien au-delà. Les jeunes, par le biais de plusieurs collectifs et associations, interpellent à raison leurs sociétés sur leur avenir. Les partis et autres forces sociales organisées doivent les entendre. Le plan Climat 2050 du PCF ou le projet de la CGT d’Etats généraux de l’industrie sont autant de preuves qu’une transition écologique doit s’adosser à un projet de transformation sociale et d’émancipation, sauf à laisser les craintes légitimes des populations être instrumentalisées par les climatosceptiques.
C’est donc un combat de classe, de justice qui se joue. La première des parties qui doit compter dans les discussions de cette conférence, ce sont les peuples qui sont très peu souvent défendus par leurs gouvernements. Le schéma des COP doit évoluer pour qu’on ne soit plus spectateur. Le logiciel des politiques publiques doit être refondé, car ce ne sont pas des mesurettes qui nous sauveront. La justice climatique doit être pleinement mobilisée comme mode d’action et perspective politique. Disons les choses, il faut révolutionner nos pratiques et nos sociétés, car le capitalisme vert reste motivé par la seule loi du profit. C’est un monde régi par les biens communs qui doit émerger. Au-delà de cette COP, l’intervention populaire reste vitale pour atteindre cet horizon.