Le cessez-le-feu fragile signé entre le Hamas et l’Etat israélien il y a deux semaines a constitué un soulagement. Les otages israéliens et les prisonniers politiques palestiniens allaient pouvoir retrouver leur liberté. Ce sentiment d’apaisement a été de courte durée puisque les accusations mutuelles de violation de l’accord ont alimenté des tensions.
L’accord imposé par l’imminence de la présidence de Trump révèle à quel point rien n’est réglé sur le fond. Rappelons qu’avant son intronisation, l’homme d’affaires promettait un déluge de feu au Hamas, en réalité aux Palestiniens, si les otages n’étaient pas libérés. Il menaçait également son plus fidèle allié en la personne de Benyamin Netanyahou, du moins en apparence. Si son gouvernement d’extrême droite n’a pas obtenu la neutralisation du nord de la bande de Gaza, il a le soutien étatsunien pour continuer les bombardements dans quelques semaines après la deuxième étape de l’accord d’échange d’otages et de prisonniers.
Il a surtout un soutien affirmé sur la ligne la plus radicale de l’extrême droite israélienne. Donald Trump a dit les termes : il faut nettoyer la bande de Gaza afin de permettre la reconstruction. Ce serait donc un projet sans les Gazaouis, ou en tout cas sans plus de la moitié (soit un million de personnes) qui devraient être transférés en Egypte ou en Jordanie. Ces déplacements forcés de Palestiniens provoqueraient des troubles intenses dans ces deux pays. Le blocage par les autorités israéliennes de l’aide humanitaire, en violation du cessez-le-feu, contribue à préparer les esprits à rendre la vie dans l’enclave toujours insupportable.
C’est littéralement l’objectif de M.Smotrich, ministre israëlien, établi au printemps 2024 afin de réduire la population palestinienne de l’enclave au strict minimum, soit environ 150 000 personnes. Cela confirme le fait génocidaire avec les déclarations et les actes de déshumanisation des Palestiniens et un nettoyage ethnique, crime contre l’Humanité qui s’ajoute aux inculpations déjà prononcées par la Cour Pénale Internationale à l’encontre du cabinet de guerre israélien. Pour ajouter à ce cynisme, l’envoyé spécial des Etats-Unis au Proche-Orient est Steve Witkoff, promoteur immobilier de profession. Comme si la liberté d’un peuple pouvait être achetée par le business et masquer une transfert de population de masse. Comme stipulé à l’article 7 du Statut de la Cour Pénale Internationale : « Par déportation ou transfert forcé de population », on entend le fait de déplacer de force des personnes, en les expulsant ou par d’autres moyens coercitifs, de la région où elles se trouvent légalement, sans motifs admis en droit international ».
Le démantèlement de l’UNWRA, l’agence de l’ONU chargée de l’administration des réfugiés palestiniens, va contribuer à isoler les Palestiniens de Gaza. C’est un symbole puissant puisque la majorité des Gazaouis sont des descendants de la Nakba de 1948 et à ce titre des réfugiés.
Par ailleurs, le blanc-seing accordé par Washington à l’annexion de la Cisjordanie déplace le curseur de la violence israélienne qui a amplifié ses bombardements dans les camps de réfugiés et les principales villes de la Palestine orientale. Rappelons que durant son premier mandat, Donald Trump avait déjà transféré l’ambassade étatsunienne à Jérusalem pour soutenir l’idée qu’elle serait la capitale éternelle d’Israël, en contradiction avec les résolutions internationales et la Judée-Samarie validerait l’implantation définitive des colonies dans la vallée du Jourdain.
Le projet national palestinien est attaqué de toute part. Washington veut d’un Moyen-Orient à sa botte en appliquant des projets impérialistes et racistes. Il s’appuie sur une coalition de pouvoirs fondamentalistes dans l’unique objectif d’instaurer un modèle économique basé sur l’extraction fossile.
« On peut faire des choses intéressantes » dit le locataire de la Maison blanche à propos de Gaza…C’est le seul propos censé…à la seule condition que le peuple palestinien soit libre et décide de son avenir dans son Etat. Ces images puissantes de milliers de Palestiniens qui marchent vers le Nord pour retrouver leur foyer, même détruit, démontre cette soif de liberté. C’est à l’aune de la réalisation du droit à l’autodétermination des Palestiniens, de la reconnaissance de leur Etat dans les frontières de 1967 qu’une paix juste et durable pourra advenir.