Le Premier Ministre vient de détailler le contenu de la future réforme de l’assurance chômage, qui sera publiée dans un décret pour une entrée en vigueur le 1er décembre.
Une énième réforme qui s’annonce comme le coup de grâce pour les chômeurs et les chômeuses. Depuis 2017, Macron a une marotte : en finir avec le soi-disant chômage de complaisance et remettre la France au travail.
Désormais, il faudra avoir travaillé 8 mois minimum sur les 20 précédant la perte de son contrat, et non plus 6 mois sur les 24 derniers.
Durcissement supplémentaire, la durée d’indemnisation maximale passera de 18 à 15 mois. Et si le taux de chômage descend en dessous de 6,5% de la population active, la durée maximale d’indemnisation descendra à 12 mois.
De l’avis des syndicats, c’est la réforme la plus violente qu’il n’y ait jamais eu, dans une ambiance déjà largement pesante pour les privés d’emploi.
A part faire la chasse aux chômeurs, quel est le but profond de cette réforme ?
Comme dans d’autres domaines, l’objectif de l’exécutif est de faire des économies. Les premières évaluations évoquent une baisse de 3,6 milliards d’euros d’ici 3 ans, soit près de 10% des dépenses, alors même que les comptes de l’UNEDIC sont excédentaires.
Purement budgétaire et dans l’optique de réduire le déficit public, cette réforme va produire des effets sociaux désastreux, sachant que d’après les chiffres de l’Unedic, seul un demandeur d’emploi sur 2, bénéficie d’allocations, à l’heure actuelle.
Elle va particulièrement pénaliser les jeunes surreprésenté.es parmi les précaires. Autres perdant·es: les seniors entre 53 et 57 ans. Le palier qui permet une indemnisation légèrement plus longue à 53 ans serait supprimé, et celui, à 55 ans, reporté à 57. Combinée avec le précédent décret de février 2023, cette mesure conduit à diviser par deux l’indemnisation maximale à 56 ans par exemple, passant de 36 mois à 18 mois.
Allonger la période de référence pour déclencher l’indemnisation est une aberration pour celles et ceux qui n’ont que des contrats courts. Or, en 2023, 4,7 millions de contrats de moins d’un mois ont été signés en 2023 !
Au lieu de lutter véritablement contre le chômage, le gouvernement lutte contre les chômeurs.
Peu importe si des gens se retrouvent sans rien presque du jour au lendemain.
Peu importe si cela contraint des chômeurs à accepter n’importe quelle proposition.
Peu importe le bien-être au travail et l’épanouissement professionnel, ce qui compte c’est d’avoir un emploi…
Sa priorité, en réalité, ce n’est pas l’accompagnement des personnes les plus éloignées de l’emploi mais fournir de la main d’œuvre au patronat.
Tous les devoirs, toutes les sanctions sont conçus dans l’unique objectif de contraindre les personnes sans emploi à accepter les propositions du MEDEF.
L’obsession du gouvernement est de faire baisser artificiellement les chiffres du chômage et atteindre le plein emploi. Mais le gouvernement prouve, une nouvelle fois, qu’il vit en dehors des réalités de ce pays. La CGT a recensé pas moins de 130 entreprises au sein desquelles 33 021 emplois sont menacés ou supprimés depuis septembre 2023.
14 611 relèvent de l’industrie, notamment de sites percutés par les nouvelles contraintes écologiques dont les propriétaires préfèrent délocaliser les productions.
Dans leur monde, les licenciements n’existent pas !
Une nouvelle fois, convaincu qu’il suffit de traverser la rue pour trouver du travail, le gouvernement fait porter la responsabilité sur les chômeurs…
Or, majoritairement, on ne choisit pas d’être au chômage.. Contrairement aux poncifs gouvernementaux, le chômage n’est pas le fait de rétifs au travail qui préféreraient se la couler douce avec leurs allocations..
Un salarié sur deux y est confronté au cours de sa carrière !
En 2023, selon l’enquête emploi de l’INSEE, 25% des chômeurs le sont depuis plus d’un an, 12% depuis au moins 2 ans. Les conséquences de cette réforme vont être dramatiques et plonger un peu plus les plus éloignés de l’emploi, dans la pauvreté.
Cette réforme est jugée par ailleurs jugée absurde par des économistes, qui ont démontré que baisser les droits des chômeurs n’a jamais créé de l’emploi.
Même l’administration, en l’occurrence la DARES et la DGEFP, a alerté le gouvernement, dès fin 2023, en estimant que les hypothèses envisagées pour cette réforme étaient ‘’peu opportunes’’.
D’une manière générale, le problème est plus structurel et relève d’un choix politique: le gouvernement préfère poursuivre sa politique d’exonérations de cotisations patronales, ce qui grève le budget de l’Etat, en le privant de recettes. Cela lui permet ensuite de justifier la nécessité de faire des économies, et ici, plus spécifiquement, de s’en prendre aux chômeurs. En faisant des cadeaux aux patrons, il fait la poche des privés d’emplois.
Après avoir déjà réduit les droits à l’assurance chômage, après avoir considéré comme démission tout abandon de poste, après avoir mis en place des sanctions pour les salariés refusant un CDI après 2 CDD, après avoir mis en place des sanctions pour les chômeurs en cas de non-respect du contrat d’engagement, après avoir supprimé les cotisations chômage en les remplaçant par la CSG, impôt injuste et modifiant la philosophie du financement d’une partie de notre modèle social, le gouvernement entend donc finir le sale travail.