Vieux serpent de mer, le projet de fusion des médias du service public est bel et bien lancé.
Prévu pour entrer en fonction le 1er janvier 2026, le projet consiste à regrouper les différentes entités du groupe sous une même holding, avec un statut unifié pour les salariés de Radio France, France Télévisions et de l’INA. Les services seraient regroupés pour éviter les « doublons » et rationaliser les dépenses. Il s’agirait aux dires de la majorité présidentielle mais aussi de soutiens de la droite de créer un groupe solidifié pour concurrencer les grands groupes privés et nouveaux médias d’information dans un univers numérisé très dense.
Clairement, tout le processus pose problème.
Les salariés, premiers concernés, sont hostiles à ce projet que les macronistes voulaient déjà imposer avant la crise sanitaire. Ils le sont d’autant plus que dans la lignée des politiques d’austérité et d’affaiblissement du service public, la réforme de la publicité, la suppression de France Ô puis la fin de la redevance télévisuelle ont porté de sérieux coups de canif aux groupes publics depuis quinze ans notamment en termes de recette budgétaires. Sur un plan factuel, les accords sociaux seront remis en cause pour évidemment affaiblir les conquêtes des salariés.
Il ne faut pas éluder le contexte dans lequel se tient cette fusion. Les attaques incessantes de la droite et l’extrême droite contre l’audiovisuel public visent à discréditer les entités publiques qui seraient partiales et toutes tournées vers la valorisation des idées progressistes.
Malgré les accusations fallacieuses, les groupes de l’audiovisuel public ne sont pas à la solde d’une quelconque faction progressiste. Faut-il rappeler que les restructurations récentes ne sont pas allées dans ce sens et que le climat de répression se fait de plus en plus pesant à France Inter comme l’illustre les sanctions à l’égard de Guillaume Meurice. Les changements des grilles pour la rentrée prochaine font même craindre une perte de diversité avec l’arrêt de programmes malgré un succès certain.
La politisation que certains dénoncent va donc plus dans le sens d’un rétrécissement vers les idées réactionnaires, épousant la dualité tant voulue par les partisans d’un libéralisme autoritaire. Voix libérale contre voix d’extrême droite : l’information mérite mieux.
C’est le rôle d’un service public audiovisuel, qui par ses différentes composantes et néanmoins complémentaires, d’alimenter le débat et de construire une information apaisée. Des antennes locales de radio au groupe international en passant par les chaînes d’information et des programmes divers, la qualité du groupe n’est plus à démontrer. Le service public de l’information peut et doit fonctionner sur d’autres règles.
Ce n’est pas en s’alignant sur les règles de rentabilité que l’audiovisuel public se renforcera. C’est au contraire en développant des nouveaux formats adaptés aux nouveaux usages, notamment des plus jeunes, mais également dans une stratégie de lutte contre la désinformation et la « post-vérité « , d’éducation populaire et scientifique qu’un groupe public d’information pourra être utile au débat démocratique.
A l’heure où les Etats généraux de l’information patinent dans des déclarations d’intention et où les groupes privés veulent rafler la mise sur tous les supports médiatiques, il faut soutenir le combat des salariés de l’audiovisuel public. Il en va de nos libertés et de notre droit à l’information qui doit être libéré des enjeux financiers.