M. Fabien Gay interroge M. le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie sur la décision du groupe Michelin de fermeture des sites de Cholet et Vannes à l’horizon 2026.
Le mardi 5 novembre 2024, le leader de la pneumatique Michelin a annoncé, sans concertation préalable avec les salariés, la fermeture avant 2026 des sites de Cholet et Vannes, qui emploient, au total, 1 254 personnes. Cette décision grave se place dans le sillage de la politique déployée par le groupe depuis près de 20 ans, qui a déjà occasionné la fermeture de sites situés à Poitiers, Toul, Joué-lès-Tours et de La Roche-sur-Yon. Le PDG de Michelin justifie cette décision par un ralentissement du marché des véhicules neufs et une « dégradation lente de la compétitivité » de l’Europe, notamment liée aux coûts de l’énergie, qui réduisent les possibilités d’exportation. Cependant, comme le soulignait Gilles Bourdouleix, maire de Cholet : « Tout était prévu depuis des années, on a laissé pourrir le site de Cholet. Il y aurait sûrement eu des pistes pour maintenir une activité sur le site Choletais. »
En effet, cette décision du groupe intervient alors qu’il affiche une pleine santé financière : en 2023 déjà, son chiffre d’affaires était à 28,343 milliards d’euros et son bénéfice net s’élevait à 1,983 milliard d’euros. Les actionnaires ne seront pas en reste pour l’année 2024, le montant des dividendes atteignant le niveau le plus élevé de l’histoire du groupe, avec une augmentation de 8 % en comparaison à l’année précédente. Plutôt que de réinvestir ces sommes dans la sauvegarde de l’emploi ou l’évolution des savoir-faire et de l’outil industriel, la stratégie du groupe semble davantage orientée vers la désindustrialisation sur le territoire national et la réalisation de bénéfices à court-terme. Cette absence de stratégie industrielle interroge à l’aune des centaines de millions d’euros aux titres du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), du crédit d’impôt recherche (CIR), des subventions, et du chômage partiel qui ont été alloués, par l’État, au groupe. Le ministre de l’industrie, Marc Ferracci, a réagi en demandant « un plan d’accompagnement exemplaire des salariés et des territoires », quand le ministre de l’économie et des finances, Antoine Armand, a indiqué que ces fermetures « sont évidemment éminemment préoccupantes ».
Enfin, le Premier ministre Michel Barnier indiquait lors des questions d’actualité être en désaccord avec la décision prise par le groupe, et annonçait avoir le souci de savoir à quoi l’argent public avait été alloué. Cependant, ces prises de position semblent largement insuffisantes pour assurer la sauvegarde des emplois, des savoir-faire et de l’outil industriel.
Aussi, il souhaiterait connaître la stratégie que compte déployer le Gouvernement pour contraindre le groupe Michelin à revenir sur sa décision, eu égard aux dividendes versés et à l’argent public perçu.