Situation des sites de Nantes et Montoir-de-Bretagne du groupe General Electric Steam Power (GE).

4 Juin 2024

En 2021, le groupe GE a scindé son conglomérat d’activités, situé en partie sur le sol européen, en trois entités distinctes, toutes ayant vocation à être côtés en bourse.

 Alors qu’incidemment se déploie une réorganisation profonde des filières, il faut constater un remaniement des organigrammes du top management en faveur de leaders américains.

 Pour le secteur énergétique, notamment la filière éolienne Offshore, il n’y a plus aucun décideur dans le siège français à Nantes ; tout semble désormais être piloté au niveau du groupe, à Boston.

 En outre, la nomination de Monsieur Abate début 2024 comme directeur général du segment offshore (en plus du segment onshore) a envoyé un signal délétère aux salariés et salariées.

 En effet, ce dernier a déjà réalisé deux PSE en 2023 au sein de la branche Onshore terrestre, entraînant une réduction des effectifs français de 60% ; plus globalement, il a piloté une diminution de 40% des effectifs mondiaux sur cette division et a annoncé son intention d’appliquer les mêmes méthodes à la division Offshore pour parvenir à un  objectif de réduction des coûts fixes jusqu’à 250 millions, allant jusqu’à employer les termes de « restructuration agressive ».

 Ainsi, la stratégie déployée par le GE à l’égard de sa branche « Offshore Wind » est source d’inquiétudes. Au début de l’année, un gel des embauches a été annoncé officiellement sur les deux sites loiréens, et les effectifs de l’usine de Montoir-de-Bretagne vont passer de 939 à 489 personnes.

 La direction annonce que seuls les prestataires, sous-traitants et intérimaires seraient concernés. Cependant, des réorganisations sont en cours et l’absorption d’Offshore par l’Onshore va se faire au détriment des personnels de la première entité. Des suppressions de postes, non encore annoncées, sont donc attendues.

 En outre, passée l’année 2026, le carnet de commande est vide alors que les procédures d’appels d’offres mettent plusieurs années à aboutir.  Cependant, cette situation pourrait en réalité correspondre à un effet d’aubaine : alors que la filière vient d’être cotée en bourse, ces stocks pourront être mis sur le marché et faire monter la valeur de l’action, tout en réduisant dans le même temps la main-d’œuvre.

 Cette stratégie de désengagement massif adoptée par le groupe GE, motivée d’autant plus par les incitations fiscales dans le cadre de l’Inflation Reduction Act (IRA), risque d’impacter lourdement les salariés de Montoir-de-Bretagne et de Nantes.

 Cela s’accompagnerait d’une perte de milliers de compétences et de savoir-faire spécialisés sur le sol français et affaiblirait durement la filière de l’éolien en mer français, qui est pourtant un véritable levier dans la réalisation des objectifs de transition et de souveraineté énergétique.

 Cette situation, à rebours des impératifs de la transition écologique et des annonces de réindustrialisation suppose donc l’intervention des pouvoirs publics.

 Aussi, il aimerait savoir si le gouvernement entend intervenir auprès de GE pour conserver l’expertise française et ligérienne pour le développement futur de l’éolien en mer tout en s’assurant de la sauvegarde de l’outil industriel, des emplois et assurer une continuité d’activité sur ces deux sites, en attendant les lancements effectifs de nouveaux projets intervenants dans le cadre de la future programmation énergétique.

 Plus généralement, il demande si le gouvernement entend imposer un IRA européen ciblé pour subventionner les EMRs et rapatrier les chaines de valeurs industrielles stratégiques.

 Enfin, il souhaiterait savoir si l’État compte fournir à ses services comme la DGEC des moyens complémentaires pour permettre de diminuer le temps de traitement des appels d’offres et aux processus administratifs permettant le démarrage des projets.

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